La crise du Covid a été particulièrement significative pour les pharmaciens qui, suite à leur mobilisation, ont bénéficié d'un regain de reconnaissance et hérité de nouvelles responsabilités. Mais qui dit transformation du métier de pharmacien dit aussi transformation de ses outils, et donc de son espace. Des transformations qui se font en prenant en considération les nouvelles exigences environnementales des patients et les nouvelles technologies à disposition.
Les nouvelles missions
Pour la vaccination, le dépistage, les entretiens cancers, la prise en charge de pathologies courantes, la pharmacie de demain (qui est déjà un peu celle d'aujourd'hui) se réinvente. De nombreux concours d'agencement mettent à l'honneur ceux qui portent cette vision de l'officine en en faisant un endroit de rencontre entre des demandes de premier recours et la compétence d’une équipe officinale. Plusieurs des lauréats du Concours d'agencement de la pharmacie de demain1 ont justement présenté des projets allant en ce sens. Le premier prix, Alexis Sean (lire aussi page 22), a ainsi partagé la superficie officinale en quatre pôles (back-office, espace recherche, espace de consultation, espace d'exposition des produits) avec des cloisons amovibles pour les délimiter. Les étudiants Amélie Balay et Tony Gonçalves, primés par une mention spéciale, avaient proposé une pharmacie servant de lieu de vie et de rencontre entre usagers et professionnels de santé.
En parallèle, pour la 11e édition du concours de design Reload My Pharmacy2, le premier prix, appelé « Synergie », consiste en cinq pôles délimités pour chacune des catégories de produits vendus dans l'officine, avec un pharmacien spécialisé est situé dans chaque hub pour conseiller et encaisser la patientèle. Que ce projet mette lui aussi en avant les espaces de la pharmacie n'est pas dû au hasard.
« Il y a une demande des pharmaciens de revaloriser leur expertise et leur statut de professionnel de santé. L’une des réponses passe par la conception d'espaces de vente innovants intégrant ce rôle, afin de proposer des services au patient consommateur », constate Steve Langeron, responsable du développement retail pour L'Oréal Cosmétique Active France.
S'appuyer sur le digital
Ces pharmacies innovantes mettent à profit les nouvelles technologies. Ainsi, Josselin Fleury, 2e prix du concours d'agencement de la pharmacie de demain, a lui construit son projet autour d'un kiosque à services, installé près de l'entrée et équipé d'une borne interactive et de postes de travail mobiles pour accueillir et renseigner les patients et fixer des rendez-vous. Une organisation qui améliore la fluidité de l'officine en séparant ces tâches de l'activité de dispensation des médicaments au comptoir. « Synergie », qui utilise fortement le digital (application pour passer commande, click & collect, caisses automatiques, miroir intelligent en cosmétique…) se démarque aussi par l'intégration d'un parking à vélo pour les clients permettant la recharge de leur batterie électrique ! Une manière comme une autre d'encourager les comportements écoresponsables chez le patient.
Les enjeux environnementaux également pris en compte
Car la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) n'a pas été oubliée. « Nous avons été impressionnés par la cohérence entre le concept et le design des projets, mais aussi le souci des candidats de proposer de vraies innovations en matière de RSE, comme la lutte contre le gaspillage ou encore l’utilisation de matériaux recyclés innovants », souligne Steve Langeron. Bacs antigaspillages et points de recyclages bien visibles, utilisation de matériaux innovants et écologiques voir 100 % recyclés (qu'ils soient plastiques, bois, béton…), outils de contrôle de la qualité de l'air, se sont retrouvés dans la quasi-totalité des projets. La preuve que les progrès technologiques et les évolutions métiers peuvent se concilier avec les enjeux de demain.
1) Coorganisé par « le Quotidien du pharmacien » et l’association des États Généraux du Premier Recours (AEGPR).
2) Organisé par L’Oréal Cosmétique Active France avec l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (ENSAAMA) et L’Institut supérieur des arts appliqués (LISAA).
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