Révélée par Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), lors d’une conférence de presse le 17 mars, l’information n’a été confirmée par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) que le 23 mars. Celui-ci a bien assigné en référé la société Livmed’s. Mais n’en dit pas davantage. Plus prolixes, les syndicats évoquent le motif de l’exercice illégal de la pharmacie. Mais Livmed’s, refusant dans un premier temps de s’exprimer sur le sujet, est sorti de sa réserve et conteste vigoureusement.
Le cofondateur de la start-up niçoise, Talel Hakimi, affirme que le seul motif de l’assignation est l’exercice d’une activité de vente ou de courtage de médicaments. Sur ce point, il est formel, « Livmed’s ne vend aucun médicament, ne prend aucune commission, n’a aucun stock, ne voit pas les commandes puisque les données sont cryptées… Nous n’avons rien à voir avec un courtier en médicaments ! » Il conteste aussi des rumeurs selon lesquelles Livmed’s ferait l’objet de plusieurs recours et pour plusieurs motifs. Le malentendu quant au motif a peut-être été levé par Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) lors de son live hebdomadaire, vendredi dernier. Une intervention concomitante à l’annonce par le gouvernement de la nouvelle promotion de PariSanté Campus, dont l’objectif est d’accélérer le numérique en santé, composée de 20 nouvelles start-up et notamment de… Livmed’s !
Le monopole en question
« La société s’est lancée dans l’intermédiation entre les patients et les pharmacies sur un marché qui mêle la prise de commande, la livraison et aussi la vente. Ce que soulève l’Ordre des pharmaciens, c’est que cette vente se fait directement entre les usagers et Livmed’s, ce qui fait de Livmed’s une société qui vend des médicaments, alors que la vente de médicaments est un monopole de la pharmacie d’officine. » Autrement dit, si le motif du référé est l’exercice d’une activité de vente ou de courtage de médicaments, par extension la plainte déposée par le CNOP est bien motivée par une accusation d’exercice illégal de la pharmacie…
Du côté de Livmed’s, c’est l’incompréhension. « Nous avons fait établir un rapport d’expertise et un constat d’huissier qui montrent que, à chaque étape de notre fonctionnement, nous respectons le monopole officinal, qui comprend les activités de vente - notamment en ligne - et de dispensation de médicaments. » Le point qui pourrait être litigieux est le moment du paiement par l’usager. Livmed’s fait appel à un tiers de confiance qui dispatche la somme entre la société de livraison et la pharmacie concernée.
De l’aveu de Philippe Besset, « le sujet est complexe ». C’est pourquoi, après la décision sur le référé « dont le but est de faire cesser un trouble rapidement », qui est attendue le 14 avril prochain, l’affaire devra être jugée sur le fond. Plus globalement, il invite la profession à se saisir de ces sujets tels que la vente en ligne, la livraison et le portage de médicaments. « Avant que ces services ne deviennent légaux, nous y étions opposés. Maintenant il faut que nous ayons une stratégie permettant de respecter notre ADN de relation humaine et de proximité avec nos patients, tout en utilisant au mieux les nouveaux outils, tant qu’ils restent à notre service et non le contraire. Les pharmaciens ne doivent pas se laisser guider par une société tierce. »
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