« Allô l’Élysée, aujourd’hui ils n’en peuvent plus. Les pharmaciens sont dans la rue. Vous pouvez dire ce que vous voulez, ils sont abandonnés. » C’est sur cette parodie de la célèbre chanson de Joe Dassin que les pharmaciens ont exprimé leur colère à Lyon, en ce jeudi 30 novembre.
Pharmaciens, préparateurs et étudiants se sont rassemblés sur la place d’Arsonval, située en face de l’hôpital Édouard Herriot et à côté de la faculté de pharmacie. Ils étaient plus de 400, d’après la police et les syndicats. « Notre objectif est d’interpeller les pouvoirs publics sur les difficultés des pharmacies d’officine », explique Véronique Nouri, présidente de la FSPF Rhône et Rhône-Alpes.
Premier motif de grogne évoqué par tous les participants : les pénuries de médicaments. « Nos journées sont en grande partie consacrées à chercher des traitements qu’on ne peut pas trouver, déplore Pierre-Henri Berlier, pharmacien dans la Loire. C’est du temps qui nous manque ensuite pour pouvoir proposer des nouvelles missions et indirectement c’est une rémunération que nous ne touchons pas. » Maëly, préparatrice à la pharmacie de La Part-Dieu à Lyon renchérit : « La nouvelle phrase que nous disons sans arrêt c’est “désolé on n’en a plus”. » Quant à Hélène Justamon, secrétaire générale de la FSPF du Rhône, elle estime que « plus de 12 heures par semaine sont perdues à la recherche de médicaments en pénurie ».
Les fermetures d’officine sont le second motif de mécontentement largement évoqué par les manifestants. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, 30 fermetures de pharmacies ont été comptabilisées par la FSPF en 2023. « Ces officines ferment généralement pour raison économique. Il faut absolument revaloriser nos honoraires », insiste Véronique Nouri. « Je vais bientôt arriver sur le marché du travail et cela m’inquiète beaucoup », confie Ornella, étudiante en 6e année officine à Lyon. Elle pointe aussi le risque de perte du monopole et de vente de médicaments sur Internet ou en grande surface. « Nous voulons éviter la libéralisation du marché de la pharmacie et empêcher un “Amazon du médicament”, complète Maxime, pharmacien dans le 9e arrondissement de Lyon. C’est maintenant qu’il faut que nous nous mobilisions afin d’éviter de se réveiller quand il sera trop tard », estime-t-il.
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