Comme les groupements, les grossistes-répartiteurs se mettent en ordre de marche depuis la décision prise hier par la profession de vendre des masques chirurgicaux. Les syndicats n'en oublient pas pour autant la cacophonie entretenue par l'État sur la distribution des masques.
Les grossistes, très sollicités comme les officines depuis le début de la crise par la distribution des masques du stock État aux professionnels de santé, vont enfin pouvoir approvisionner leurs clients pharmaciens. Ils en ont toute légitimité comme le rappelle Laurent Bendavid, PDG d’Alliance Healthcare France, « par rapport à d’autres filières et canaux de distribution, les pharmacies disposent en effet d’avantages incomparables, notamment leur excellent maillage du territoire et leur relation de proximité avec les consommateurs et patients. Les pharmaciens d’officine apportent une valeur ajoutée inestimable en termes de responsabilité, sécurité, conseil et suivi personnalisé, ce qui leur permettra aisément de servir en priorité les personnes fragiles et les patients les plus vulnérables ».
OCP qui s'apprête à distribuer des masques « par millions dès la semaine prochaine » dans les officines, annonce que les pharmaciens recevront dès aujourd’hui les modalités pratiques de commandes par le grossiste-répartiteur. Le grossiste-répartiteur assurera un cadencement adapté à un déconfinement progressif afin de doter le pharmacien de tous les outils lui permettant de rassurer ses patients « en cette période de grande incertitude ». « À l’heure où tous les acteurs de la distribution sont mobilisés dans la vente de masques, la différence se fera en pharmacie », affirme OCP.
La décision de vendre des masques chirurgicaux met fin à une situation intenable pour les pharmaciens, mais elle ne fait pas retomber leur colère, ni celle des syndicats. « Il va falloir m'expliquer comment le gouvernement a encore pu nous demander la semaine dernière de gérer la pénurie des masques à la petite semaine, en ne les délivrant que par paquets de 18 aux professionnels de santé, alors que, quelques jours plus tard, il a autorisé que ces masques se retrouvent en tête de gondole dans les hypermarchés ! », s'insurge Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Il s'en inquiète d'autant plus que, convertis en « produit d'appel avec la bénédiction du gouvernement, ces masques en promotion vont provoquer des ruées dans les grandes surfaces ». Scandalisé par le manque de cohérence dans le discours gouvernemental, le président de l'USPO réclame une réunion avec Bercy et le ministère de la Santé. « Les pharmaciens en ont assez d'être ballottés, cette situation est inadmissible quand on sait qu'en plus, les officines font l'objet de contrôles à distance de la DGCCRF ! »
Dans son Webinar de ce jour, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a lui aussi manifesté son exaspération face aux pratiques de la grande distribution. « Il y a urgence à encadrer le prix des masques, y compris le prix de cession », a-t-il déclaré, annonçant qu'une décision en ce sens pourrait tomber au cours du week-end.
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