Dans un rapport quadriennal sur le crime organisé (SOCTA*) paru hier, Europol estime que la criminalité en Europe a atteint le « point de rupture » en raison de son impact démesuré sur la vie des citoyens, l’économie et l’État de droit. Après les faux masques et gels hydroalcooliques, les criminels développent désormais des faux autotests et vaccins et profitent d’entreprises rendues vulnérables par la crise pour les infiltrer.
Le trafic de cocaïne n’a jamais été aussi florissant. Non seulement les quantités en circulation entre l’Amérique du Sud et l’Europe ont atteint un niveau « sans précédent » et génèrent des « bénéfices de plusieurs milliards d'euros » pour les criminels, mais la pureté de la cocaïne est au « plus haut niveau jamais atteint dans l'UE ». Le rapport d’Europol note que les criminels se servent des énormes ressources générées par ce trafic pour « infiltrer et saper l'économie de l'UE, les institutions publiques et la société ».
Le trafic de drogue n’est pas la seule source d’inquiétude d’Europol. La circulation depuis le début de l’épidémie de Covid-19 de faux masques, de faux gels hydroalcooliques et de faux médicaments d’abord, et désormais de faux vaccins et de faux autotests, est au centre de ses préoccupations, car le risque sanitaire pour les citoyens qui les achètent est particulièrement élevé. À chaque fois, les contrefacteurs ont surfé sur l’incapacité initiale des fournisseurs officiels à faire face à la forte et soudaine demande. Ainsi, indique Europol, les offres en faux vaccins ont commencé à pulluler sur le dark web dès l’approbation officielle du tout premier vaccin. Mais les offres en produits de soins se retrouvent aussi sur des sites Internet détournés de e-pharmacies bien réelles et sur les réseaux sociaux, rendant leur accès facile à tout un chacun. Selon Europol, la très grande majorité de l’offre criminelle en produits pharmaceutiques falsifiés passe désormais par Internet et sur des sites accessibles à tous.
Par ailleurs, la crise a poussé les bandes organisées à s’adapter très rapidement. Les entreprises affaiblies par la pandémie deviennent en effet des proies faciles pour servir à des activités illégales, notamment le blanchiment de capitaux. Et la cybercriminalité a littéralement explosé, à la faveur des restrictions en vigueur poussant à travailler davantage sur Internet, souvent en télétravail et avec des outils moins protégés que ceux utilisés en entreprise. Europol ajoute que, aussi bien la fraude financière que l'exploitation sexuelle de mineurs sont devenues des problèmes majeurs sur le front de la criminalité virtuelle. L’agence s’inquiète également du risque « d’attaques sophistiquées et de grande ampleur contre des infrastructures essentielles pour y accéder et voler des données sensibles ». En conclusion, le rapport estime que la pandémie risque de favoriser pendant des années le crime organisé en Europe.
* Serious and organised crime threat assesment.
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