Les baisses de prix du médicament remboursable dépassent déjà les objectifs fixés par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024. Ce qui explique en grande partie une inflexion du chiffre d’affaires de ce segment qui constitue 80 % de l’activité officinale. Le bout du tunnel n’est pas en vue puisqu’un effet report de l’ordre de 224 millions d’euros est à escompter en 2025, relève GERS Data à l’origine de ces statistiques.
L’année 2024 se terminera-t-elle sur une note de morosité ? Les chiffres diffusés par GERS Data le 5 novembre signalent en effet une stagnation du chiffre d’affaires en prescription de ville au mois d’octobre à 1,8 milliard d’euros. Et si une progression de 4 % (4,5 % depuis le début de l’année) est enregistrée dans le conseil, elle est essentiellement induite par la hausse de prix et par le jour ouvré supplémentaire du mois d’octobre. « Le trafic a certes augmenté de 2 % par rapport au début d’année mais si l’on corrige cette variation mensuelle, le mois d’octobre est même légèrement négatif », remarque David Syr, directeur général de GERS Data. En volume, la même stagnation règne depuis le début de l’année sur l’ensemble des univers de la pharmacie, à l’exception des segments de la beauté et de la diététique.
Dans ce contexte, même les médicaments onéreux (plus de 1930 euros), ceux qui tiraient le chiffre d’affaires il y a encore quelques mois, tendent à ralentir avec une hausse de seulement 2 % entre janvier et septembre par rapport 2023. Quant aux produits d’un prix supérieur à 468,97 euros, ils progressent de 12 %, contribuant pour 42 % au chiffre d’affaires de l’officine alors qu’ils ne représentent que 0,4 % des volumes vendus. Là également le facteur prix intervient puisque le prix moyen de ces produits est aujourd’hui de 1 512 euros contre 1 489 euros il y a encore un an. Quant aux médicaments d’un prix supérieur à 1930 euros, ils ont gagné en moyenne 600 euros par rapport à l’année dernière. « La lecture entre le chiffre d’affaires et la marge est de plus en plus tronquée », constate Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS. Il note de manière générale un ralentissement du marché du médicament remboursable. L’évolution attendue en cette fin d’année dans ce segment devrait atteindre 6,1 %, contre 7,7 % l’année dernière. Une conséquence, analyse Patrick Oscar, de la baisse des prix certes mais aussi de la perte de brevets et du déremboursement des produits de contraste. Ceux-ci subissent une baisse de plus de 70 % de leur chiffre d’affaires, de l’ordre de 138 millions d’euros. « Hors produits de contraste et molécules génériquées depuis 2023, le marché du médicament remboursable connaîtrait une évolution de 7,9 % », note le délégué général de GIE GERS. Une hausse qui semble insuffisante pour permettre à l’économie officinale de résister aux baisses de prix qui devraient atteindre 853 millions d’euros sur l’ensemble de cette année. Sans compter l’effet report des baisses de prix effectuées en 2024 de l’ordre de 224 millions d’euros qui interviendra l’année prochaine, souligne GERS Data à l’heure où le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 est examiné par les députés.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires