Le ministre voulant poser un diagnostic sur les ruptures de médicaments, chaque acteur de la chaîne du médicament y est allé de ses explications et de ses solutions. Les pharmaciens ont, une fois de plus, plaidé non-coupables en référence aux accusations du ministre sur les officines qui surstockent. « Nous avons été blanchis. Le ministère a compris que les stocks, qui pouvaient exister en pharmacie, n'étaient pas la cause des pénuries mais la conséquence ! », se félicite Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO).
Reste à obtenir davantage de transparence sur les règles régissant la libération des stocks, la communication aux grossistes-répartiteurs et enfin l'information aux pharmaciens, comme le réclame la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Le parlement et le gouvernement ont imposé aux laboratoires de faire deux mois de stock. Nous, ce que nous demandons, c'est ce que ces stocks soient libérés ! », insiste Philippe Besset, président du syndicat. Lors de la réunion, le ministre de la Santé a d'ailleurs rappelé que les industriels ne seraient pas sanctionnés s'ils libèrent leurs stocks et se retrouvent, du même coup, avec moins de deux mois de réserve.
Une information en temps réel
Au chapitre de la transparence, le LEEM (les entreprises du médicament) a proposé que l'accès à la plateforme TRACStocks (Traçabilité risque anticipation consolidation des stocks), partageant de manière sécurisée les prévisions d’approvisionnement de 108 laboratoires pharmaceutiques (1 227 spécialités, dont les molécules du plan hivernal du gouvernement), soit élargi aux autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement, « à commencer par les grossistes répartiteurs ». Les industriels se sont également engagés à contribuer à l’optimisation des interfaces logicielles des professionnels de santé (« dossier pharmaceutique ruptures », logiciels d’aide à la prescription…) afin que médecins et pharmaciens disposent de messages harmonisés, précis et actualisé en temps réel. En revanche, aucune décision portant sur une intégration du DP-Ruptures à un futur dispositif n'a été prise.
Certaines mesures prévues dans le PLFSS, tel l'article 33 renforçant les pouvoirs de police sanitaire de l'ANSM, permettront sans doute d'améliorer la situation. Cependant, le ministre de la Santé ne veut pas attendre que le texte soit voté pour agir. Il y a selon lui urgence à trouver des solutions. Dans l'immédiat, donc, la première avancée porte sur la rédaction d'une charte d'engagement.
Rédigée conjointement par l'Ordre et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), cette charte de bonnes pratiques sera présentée pour signature de toutes les parties prenantes lors d'une deuxième réunion au cours de laquelle des arbitrages seront pris. Reste à savoir si la charte sera contraignante. Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), croit savoir que « si la charte n'est pas respectée, le ministre est décidé à durcir le ton ».
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