Un décret devrait prochainement assimiler les pharmacies de montagne aux activités touchées par l’arrêt des remontées mécaniques, leur donnant ainsi droit à des compensations. Mais pour les titulaires concernés, le seuil défini par les textes est trop élevé et exclut les pharmacies dans une situation intermédiaire mais catastrophique.
Entre décembre et mars, les pharmacies de montagne enregistrent habituellement entre 60 et 80 % de leur chiffre d’affaires annuel pendant qu’en plaine, leurs homologues réalisent 40 % de leur activité d’une année. « Les ordonnances représentent 15 à 25 % du chiffre en montagne, 70 % en plaine », poursuit Gérard de Marchi, expert-comptable, lors d’une visioconférence organisée le 26 janvier par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Ces quelques chiffres démontrent le préjudice subi par les titulaires des stations de sports d’hiver dont les remontées mécaniques ont été stoppées pour cause de Covid. Ils prouvent également que les aides promises par le décret du 30 décembre 2020 à tous les commerces concernés, soit 10 000 euros, sont bien insuffisantes pour compenser cette chute de fréquentation. « Celle-ci s’est traduite par une baisse de 60 % du chiffre d’affaires en décembre, alors que les pharmaciens avaient déjà subi un recul de 50 % en mars et même de 75 % en avril ! », relève l’expert-comptable, estimant que les données de ce mois de janvier ne seront pas meilleures. Or, pendant ce temps, les titulaires de montagne doivent également faire face à un problème d’absorption des frais fixes « et ce, sans tenir compte de la baisse de la marge en taux ! », ajoute Gérard de Marchi.
Gilles Bonnefond, président de l’USPO, annonce avoir eu l’assurance auprès du conseiller de l’Elysée que la situation allait se rétablir pour les pharmaciens : « un texte devrait sortir sous peu qui intégrera les pharmacies au rang des activités concernées dans la liste S1 bis, c’est-à-dire celles qui sont dépendantes des activités de la liste S1 directement concernées, elles, par l’arrêt des activités touristiques (téléphériques, hôtels, locations de matériels N.D.L.R.) ». Dans ce cas, cette mise à jour signifierait, expose Joël Lecoeur, expert-comptable et président du réseau CGP, « que les pharmacies ayant perdu plus de 70 % de leur chiffre d’affaires par rapport au mois de référence 2019 percevront une aide à hauteur de 20 % de leur chiffre d’affaires, plafonnée à 200 000 euros ».
Mais qu’en sera-t-il pour les pharmaciens qui subissent une baisse d’activité inférieure à 70 %, mais suffisamment impactante pour mettre en péril leur entreprise et ses emplois ? Joël Lecoeur entrevoit une solution. « Il faudrait obtenir l’intégration des pharmacies de montagne au rang des entreprises éligibles au PGE saison (prêt garanti par l’État) », analyse-t-il. En effet, poursuit l’expert-comptable, dans ce cas le PGE est calculé « sur la base des trois mois les plus forts de 2019 ». Et d’ajouter « la meilleure solution serait que les pharmacies figurent à la liste S1, cela leur donnerait droit automatiquement au PGE saison ».
Une solution qu’applaudirait un titulaire de la station des Gets. « J’ai perdu 60 % de mon chiffre d’affaires. Or il faut savoir qu’en station un mois de travail vaut trois mois dans une pharmacie classique. À Paris, un pharmacien qui aurait perdu 90 % de son chiffre d’affaires, on l’aiderait ! Ici, je ne pourrai même pas prétendre à une compensation de 20 % de mon chiffre d’affaires. Ce n’est pourtant pas énorme mais sans cette aide ce sera la catastrophe », dénonce-t-il, constatant avec amertume : « mon loueur de skis est plus aidé que moi ! »
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