Depuis la parution vendredi des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé, le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer n’est plus qu’une question de jours. Ce que la ministre de la Santé a encore confirmé hier en insistant sur leur dangerosité.
Invitée hier soir de l’émission Punchline sur CNews, Agnès Buzyn a de nouveau confirmé le déremboursement imminent des quatre molécules utilisées dans la maladie d’Alzheimer. Elle rappelle en effet que ces médicaments ont bénéficié d’un sursis après un premier avis de la Haute Autorité de santé (HAS) en 2011, soit « cinq ans pour prouver qu’ils étaient efficaces ». Mais selon la ministre, non seulement ils n’ont pas apporté la preuve de leur efficacité dans ce laps de temps, mais ils ont « fait la preuve de leur dangerosité en termes d’accidents, de chutes, de dégradation de l’état des personnes ». C’est pourquoi elle insiste sur le fait que ce déremboursement « n’est pas une mesure budgétaire mais une mesure de santé publique, pour éviter que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ne s’aggravent ou aient des complications à cause des médicaments ». La ministre ajoute qu’elle veut « réserver ce bien commun qu’est l’assurance-maladie, ce financement que nous payons tous, à ce qui fonctionne et ne fait pas de mal », et non à ces médicaments qui ont été « jugés par deux fois par la HAS comme nocifs ». Elle invite d'ailleurs à en parler aux médecins généralistes, inquiets face à ces personnes âgées qui prennent ces médicaments.
Pourtant les patients, par la voix de l’association France Alzheimer, estiment que cette décision est « infondée et dangereuse » et basée sur des choix économiques. Aujourd’hui, c’est au tour des différentes sociétés savantes de gériatres et de neurologues de protester. Elles soulignent que des méta-analyses avaient démontré l’efficacité de ces traitements « sur la cognition dans la maladie d’Alzheimer, la maladie à corps de Lewy et la démence de la maladie de Parkinson ». C’est pourquoi ces cinq sociétés savantes et organisations professionnelles demandent « un nouvel examen des résultats scientifiques réels des grandes études internationales avant de prendre une décision définitive qui isolerait la France et surtout serait délétère pour les patients français et leur entourage ».
Les anti-Alzheimer étaient sur la sellette depuis le second avis de la HAS en octobre 2016. Marisol Touraine, ministre de la Santé de l’époque, souhaitait déjà les dérembourser dès qu’un protocole de soins offrant des alternatives efficaces serait mis en place. Ce qui est chose faite depuis vendredi dernier. Agnès Buzyn a confirmé la signature du décret actant ce déremboursement « dans les prochains jours ».
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