Selon une enquête de Santé publique France, plus d’un quart des fumeurs déclarent avoir augmenté leur consommation de tabac pendant le confinement, en particulier les 25-34 ans et les actifs travaillant à domicile.
Les fumeurs de l’échantillon de 422 personnes interrogées (soit 21,2 % de l’échantillon) par Santé publique France affichent en majorité une consommation de tabac stable (55 %). Néanmoins, l’enquête menée les 30 mars et 1er avril révèle que 27 % ont augmenté leur consommation pendant le confinement (de 5 cigarettes en moyenne), quand 19 % indiquent au contraire l’avoir diminuée. L'augmentation de la consommation de tabac est plus fréquemment mentionnée par les 25-34 ans (41 %) et les actifs travaillant à domicile (37 %). « L'ennui, le manque d'activité, le stress et le plaisir sont les principales raisons mentionnées par les fumeurs (…) ayant augmenté leur consommation. On note également que l’augmentation (…) est corrélée au risque d'anxiété et de dépression », souligne l’agence. Elle rappelle la possibilité d’utiliser le dispositif d’aide à distance Tabac Info Service (3989). Celui-ci a enregistré une baisse des appels reçus, de 19 % en mars et de 15 % en avril par rapport aux mêmes périodes l’an dernier, alors même qu’ils avaient progressé de 14 % en février.
Par ailleurs, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui s’était autosaisi lorsqu’un possible effet protecteur de la nicotine face au Covid-19 a été rendu public (lire notre article « abonné »), confirme dans un avis que le tabagisme est un facteur de gravité et d’évolution péjorative dans le Covid-19. Le HCSP appuie cette conclusion sur « une revue de la littérature, des échanges avec des chercheurs ayant conduit des études portant sur le sujet, ainsi que la réalisation d’une analyse ad hoc des données issues de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris ». L’hypothèse selon laquelle la nicotine pourrait être protectrice reste fragile et repose, pour le moment, sur des observations quant à un faible taux de fumeurs hospitalisés pour Covid-19, taux plus faible qu’en population générale à tranches d’âge égales. Pour l’institution, ces observations pourraient s’expliquer « par le fait que de nombreux fumeurs aient été classés comme non-fumeurs, du fait de la mauvaise qualité de cette information dans la plupart des recueils de données ».
Le HCSP recommande d’informer « clairement qu’il n’y a pas d’argument pour présenter le tabac comme protecteur vis-à-vis de l’infection par SARS-CoV-2 à ce jour », de poursuivre les recherches en cours sur les liens entre tabac et Covid-19 et de « renforcer les dispositifs de lutte contre le tabac qui représente une des principales causes de morbimortalité en France ».
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