Au fur et à mesure que l’épidémie de coronavirus s’intensifie sur le territoire, les pharmaciens doivent répondre à des sollicitations tous azimuts, provenant des patients comme des pouvoirs publics.
Nombre d’officines naviguent à vue face à la menace du coronavirus. Et pas seulement celles situées dans les clusters (regroupements de cas), comme à La-Croix-Saint-Ouen (Oise) où une titulaire a appris par une chaîne de télévision que le médecin de sa commune avait été hospitalisé pour avoir reçu le patient lui-même hospitalisé à Amiens. Elle s’est souvenue avoir eu un contact avec la famille de ce patient auquel le médecin avait prescrit de la Nivaquine. « Or je n’ai pas été contactée par l’ARS, ni informée sur la conduite à tenir », déplore la pharmacienne.
Dans les autres régions aussi, les pharmaciens ont eu des difficultés à décoder la stratégie de réponse à l'épidémie. Et par conséquent à la communiquer auprès des patients. Notamment, au sujet des masques chirurgicaux destinés aux professionnels de santé qui devraient être acheminés dans les officines dans le courant de la semaine : la communication du ministre de la Santé les concernant n'a pas manqué de susciter les interrogations des patients au comptoir. Résultat, mis à contribution pour distribuer les masques aux professionnels de santé sans pouvoir eux-mêmes en bénéficier, les officinaux se trouvent de surcroît en première ligne pour recueillir ces doléances de la population. « Nous avons l’impression qu’il s’agit avant tout d’effets d'annonce mais qu’au final, la population ne ressent pas dans l’immédiat les effets annoncés. De là, il apparaît une certaine inquiétude que nous devons, nous pharmaciens, tenter d’endiguer avec le peu de moyens dont nous disposons. Paradoxalement cela fait plusieurs semaines que nous sommes en rupture de masques et de gel hydroalcoolique », dénonce une pharmacienne du Val-de-Marne. Dans le département voisin, deux cas de contamination avérés - un professionnel de santé et son enfant - ont été révélés ce matin.
L’information tend cependant à se structurer. Le ministre de la Santé a adressé un courrier aux professionnels de santé vendredi soir dans lequel il leur rappelait les dispositifs de lutte contre la propagation du virus. Pour les officinaux spécifiquement, la communication est centralisée par l’Ordre national des pharmaciens qui utilise le canal du DP pour diffuser les informations officielles en temps réel et invite les titulaires à s’inscrire à la liste de diffusion des messages « DGS-Urgent ».
En temps réel toujours, les syndicats de la profession répondent aux questions des confrères sur les réseaux sociaux, conseillent et rassurent tout en prenant la parole dans les médias grand public. Sur BFM, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), a ainsi rappelé ce matin aux Français qu’il est inutile de venir chercher de la Nivaquine (chloroquine) en pharmacie à moins qu’elle ne soit prescrite par le médecin. Sur les ondes de Sud Radio, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), a indiqué que la délivrance de masques devait être réservée par solidarité « à ceux qui en ont vraiment besoin, les malades et les professionnels de santé ».
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