Si la question des déserts médicaux fait la une des médias, à juste titre, des élus s'inquiètent également pour l'avenir des pharmacies rurales. Le risque de voir des déserts pharmaceutiques apparaître dans certains territoires est en effet réel, tant certains officinaux installés dans ces secteurs connaissent des difficultés pour maintenir leur établissement à flot et, surtout, pour trouver un successeur.
Répondant à une question écrite du sénateur du Gers, Alain Duffourg, concernant l'établissement de pharmacies en milieu rural, le ministère de la Santé avait confirmé cet automne qu'un décret d'application était en cours de rédaction « afin de préciser la méthodologie qui permettra d'identifier les territoires » considérés comme fragiles. Objectif principal de ce texte : « Renforcer le maillage des officines grâce à des aides financières en vue de favoriser le maintien ou l'installation d'une officine ou un assouplissement des règles encadrant les autorisations de transfert et de regroupement », explique le ministère. Reste maintenant à attendre la publication de ce décret, normalement d'ici à la fin du mois de mars, et à définir précisément quels territoires pourront bénéficier des mesures qu'il compte introduire.
Entre 3 et 5 % des Français vivent dans des territoires fragiles
Une fois le décret publié, une deuxième phase va alors s'engager. Les syndicats de pharmaciens, saisis par le ministère de la Santé, devront notamment donner leur avis sur ce décret. « On estime que 3 à 5 % de la population française vit aujourd'hui dans des territoires considérés comme fragiles au regard de leur offre pharmaceutique, rappelle premièrement Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). On parle de patients qui habitent à 10 ou 15 minutes d'une pharmacie, mais si cette dernière vient à fermer, ils se retrouveraient alors à 30 minutes ou plus de l'officine la plus proche. »
Dans les prochains mois, les agences régionales de santé vont devoir définir précisément les zones considérées comme étant des territoires fragiles. « Dès que l'on connaîtra ces territoires, on pourra savoir quelles officines seront éligibles aux aides conventionnelles ou de toute autre nature. Ce sera à nous, partenaires conventionnels, de définir les moyens de les soutenir, ajoute Philippe Besset. J'ai déjà dit au directeur général de la CNAM, Thomas Fatôme, qu'il faudrait prévoir dans l'avenant d'automne un dispositif de soutien à ces officines-là parce qu'elles sont nécessaires et structurantes dans les territoires. » Le président de la FSPF veut insister sur l'importance de ce sujet. « L'enjeu, c'est le maintien de l'offre pharmaceutique dans ces territoires fragiles. Cela englobe à la fois la possibilité pour le pharmacien de vivre correctement dans ces zones, mais aussi la possibilité d'avoir un successeur, donc d'avoir un modèle économique stable », résume-t-il.
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