Une centaine d'étudiants se sont réunis le 6 novembre devant le Sénat afin de protester contre une potentielle fin de l’aide médicale d’État (AME), qui pourrait être remplacée par une aide médicale d'urgence, plus limitée.
Au sein du collectif « les étudiant.e.s en santé et leurs allié.e.s contre la fin de l'aide médicale d'Etat », une centaine d'étudiants accompagnés de plusieurs associations et syndicats (dont le syndicat des internes des Hôpitaux de Paris, le syndicat des jeunes médecins généralistes et l'intersyndicale nationale des internes) se sont réunis devant le Sénat le lundi 6 novembre.
En effet, dans le cadre du projet de loi immigration, discuté en ce moment même par les sénateurs, plusieurs amendements déposés par des élus du parti Les Républicains visent à limiter l’Aide médicale d’Etat (AME). Ce dispositif permet aux étrangers en situation irrégulière et précaire de bénéficier d'un accès aux soins médicaux et hospitalier pris en charge à 100 %. Mais il pourrait se retrouver réduit à une aide médicale d'urgence (AMU), plus restrictive et n'incluant que certaines aides critiques comme le traitement des maladies graves, les vaccinations ou les soins liés à la grossesse.
Flore Greze, vice-présidente chargée des affaires de santé au sein de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), qui réunit plusieurs associations mobilisées dans cette manifestation, déclare au « Quotidien » que « ces mesures endommageraient l'accès aux soins de certaines personnes en études supérieures qui proviennent de pays hors Union européenne». Florence Greze poursuit : « Dans nos épiceries sociales et solidaires, 45,9% des bénéficiaires, en situation de précarité, n'ont pas recours aux soins. Ces étudiants extra-communautaires représentent d'ailleurs plus de la moitié des jeunes que nous accueillons au sein de ces mêmes épiceries. Il est inconcevable de leur retirer l'aide médicale d'Etat sans altérer leur santé. »
Par ailleurs, plus de 3 000 soignants se sont élevés contre cette éventuelle réforme dans une tribune publiée le 2 novembre dans « Le Monde », rappelant que la population bénéficiaire de l'AME est prioritaire en matière de santé publique : « Limiter leur accès aux soins aurait pour conséquence directe d’entraîner une dégradation de leur état de santé, mais aussi plus globalement celui de la population toute entière. »
La classe politique et la majorité présidentielle se sont montrées divisées sur le sujet. Ainsi, dans une interview au « Parisien » début octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se disait favorable, « à titre personnel », à la suppression de l’AME pour aboutir sur une aide médicale d’urgence (AMU), y voyant « un bon compromis ». La Première ministre, Élisabeth Borne, interrogée hier par « France Inter », a déclaré n'y être « pas favorable », affirmant « qu'il faut absolument, dans notre pays, maintenir un système pour soigner les personnes qui en ont besoin ». Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, quant à lui, estime que la suppression de l'AME serait du « perdant-perdant ».
L'AME concerne environ 400 000 personnes en France, et a représenté 968 millions d'euros de dépenses en 2022, soit 0,5% du budget de l'assurance-maladie.
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