Alors que l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) annonce une hausse de la rémunération officinale de 60 millions d'euros depuis le début d'année, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estime qu’entre 5 et 10 % des pharmacies seront perdantes sur l'exercice 2019. Et n’exclut pas de déclencher la clause de revoyure en 2021.
En septembre, la rémunération du réseau officinal a augmenté de 12,85 millions d’euros par rapport à septembre 2018. Le chiffre d’affaires (honoraires compris) bénéficie d’une hausse équivalente (3,64 %). L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui publie ces statistiques, se félicite d’autant plus que le volume de boîtes vendues poursuit, comme prévu, son érosion à -0,50 %.
Sur les neuf premiers mois de l’année, les officinaux enregistrent une hausse de leur rémunération de 1,58 point et de leur chiffre d’affaires de 2,03 points par rapport à la période de référence de 2018. Ils accusent en parallèle une baisse de 2,06 points du nombre d’unités vendues, une régression quasi similaire à celle observée entre 2017 et 2018 (-2,36 %). Ce dernier élément est signe, souligne l’USPO, que la réforme de la rémunération contribue largement à redresser la barre, après une chute de 0,80 point de la rémunération entre 2017 et 2018. Mieux même, indique Gilles Bonnefond, président de l’USPO, les courbes s’inversent. Après avoir contenu la chute de la rémunération à 30,8 millions d’euros entre janvier et septembre 2018 (après -121 millions d’euros en 2017), l’avenant 11 a permis au réseau d’engranger 60 millions d’euros supplémentaires depuis le début d’année.
Cette analyse ne parvient pas à convaincre Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Si, sur les résultats 2018, il ne semble y avoir aucune difficulté, il n’en est pas de même pour l’exercice 2019. « Il devrait y avoir entre 5 et 10 % de pharmacies perdantes », a déclaré le président de la FSPF, le 20 octobre, lors d'une conférence de presse organisée au cours du congrès des pharmaciens à Bordeaux. Il a précisé que, pour ces deux exercices, les titulaires se sentant lésés par la réforme de la rémunération recevraient le soutien du syndicat dans une démarche de clause de revoyure à titre individuel. Rappelons que cette disposition est prévue à l’avenant 11 à la convention pharmaceutique si les résultats de l’officine ne sont pas équivalents à ceux de 2016, année de référence.
Au niveau collectif, il ne semble plus faire de doute qu’une clause de revoyure pourrait être envisagée en 2021, tant les nuages s’amoncellent sur l’économie. « Nous allons au-devant d’un mur de difficultés. Nous allons prendre une grosse vague », a annoncé Philippe Besset, citant tour à tour, les 150 millions d’euros que l’assurance-maladie souhaiterait récupérer au titre d’un « trop perçu » d’honoraires pour médicaments spécifiques (voir article « abonné »), l’entrée en vigueur, au 1er janvier prochain, de l’article 66 à la LFSS 2019 (jusqu'à 300 millions d'euros de pertes), une diminution de ROSP de l’ordre de 50 millions d’euros, sans oublier la disparition du CICE, soit une « perte sèche » de 113 millions d’euros pour le réseau officinal, ou encore les économies programmées sur le médicament au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020.
L’ensemble de ces chiffres sera étudié à la loupe lors de l’observatoire de l’économie de l’officine, le 19 novembre. « Nous allons vivre un moment compliqué », prédit le président de la FSPF.
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