Le ministre de la Santé belge, Franck Vandenbroucke, a récemment annoncé que les pharmaciens du pays pourraient vacciner les patients contre la grippe à partir de l'automne. Une mesure qui a fait ses preuves en France et dans d'autres pays européens mais qui suscite une levée de boucliers chez les médecins d'Outre-Quiévrain.
En Belgique, la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière est trop faible. En Belgique, de nombreuses régions manquent de médecins généralistes et ces derniers sont souvent surchargés de travail. Une situation guère différente de ce que l'on peut observer en France et qui a poussé le ministre belge de la Santé à prendre une mesure d'ampleur : autoriser les pharmaciens à administrer le vaccin contre la grippe à partir du 1er octobre. Les officinaux belges avaient déjà été impliqués dans la campagne de vaccination anti-Covid durant l'hiver 2022. Une expérience qui a conforté les autorités belges dans l'idée de renforcer les compétences vaccinales des pharmaciens,
Même si les officinaux sont déjà autorisés à administrer le vaccin grippe dans onze pays en Europe, cette évolution n'est pas du goût des médecins belges. « Le médecin généraliste doit rester la personne chez qui le patient se rend pour être vacciné », affirme France Dammel, porte-parole de l’association des médecins généralistes sur « RTL ». Le ministre de la Santé belge « se plie une fois de plus au lobby des pharmaciens. Il n’y a aucune preuve scientifique que cette mesure augmenterait le taux de vaccination », va jusqu'à affirmer un membre du conseil d'administration de l’Association belge des syndicats médicaux (ABSYM) dans le journal « Het Laatste Nieuws ». Les représentants des praticiens belges reprochent aux autorités « un manque de concertation » et s'inquiètent pour l'avenir. « Est-ce que la vision du ministre et de ses conseillers aujourd’hui est de transformer le pharmacien d’officine en mini-dispensaire de première ligne ? J’espère que non », s'interroge Paul de Munck, président du groupement belge des Omnipraticiens, dans un article mis en ligne sur le site de la « RTBF ». Un argument revient aussi souvent dans la bouche des médecins opposés à la mesure. Selon eux, la vaccination grippe constitue « une occasion de voir des patients en médecine générale. (...) Ce sera une occasion manquée de plus de rattraper certains patients, certains malades chroniques qui doivent bien entendu de temps en temps passer par la médecine générale pour leur suivi », s'alarme notamment Paul de Munck.
Malgré les critiques et doutes formulés par les médecins, les officinaux belges pourront bien commencer à vacciner contre la grippe dès le 1er octobre. Pour le ministre de la Santé belge, la pertinence de cette mesure ne fait aucun doute. « Dans onze pays européens qui nous entourent, comme la France ou l’Allemagne, la vaccination contre la grippe par les pharmaciens est autorisée depuis longtemps. Nous constatons que la couverture vaccinale est plus élevée dans ces pays, précisément parce que les pharmaciens ont de nombreux contacts avec la population », justifie Franck Vandenbroucke dans les colonnes du journal « Le Soir ».
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