Après les déclarations du ministre de la Santé sur une révision possible du système des ALD, vingt-cinq associations de malades chroniques s'inquiètent du risque de démantèlement de cette prise en charge.
La semaine dernière à l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, a dit vouloir réfléchir à la pertinence de l'actuel dispositif de prise en charge des ALD. « Les ALD concernent 20 % de nos concitoyens, c'est-à-dire 13 millions de Français » et « cela représente les deux tiers des remboursements par l'assurance-maladie. Il n'est donc pas illégitime, illogique, comme cela a été fait régulièrement, d'interroger la pertinence de ces dispositifs », a-t-il répondu à une question posée par le député RN Christophe Bentz. « Avec le vieillissement de la population, la montée des pathologies chroniques fait qu'effectivement, ces enveloppes ne vont faire qu'augmenter », a-t-il poursuivi.
Ces propos ont toutefois « laissé interrogatifs certains », a relevé Frédéric Valletoux, dimanche 3 mars, dans l'émission Questions politiques sur « France Inter », « France info » et « Le Monde ». Le ministre a alors précisé qu’il n’était « pas question de faire des économies sur les ALD » mais qu’en revanche, il était question de revoir la pertinence de l’organisation de ce système. « La liste des ALD date des années quatre-vingt, on peut regarder l’architecture de ce système qui est très ancien », en prenant en compte « les progrès médicaux qui ont été réalisés dans le traitement de certaines pathologies », quand on sait « qu’aujourd’hui certaines pathologies sont traitées différemment, que l’on a par exemple des cancers dont les patients se remettent très bien en quelques années » alors que ce n’était pas le cas il y a quarante ans…, évoque le ministre.
Le message n’a pas su convaincre les associations de patients. « L'ALD est l’un des mécanismes clés de notre système de santé solidaire, qui permet à toutes les personnes nécessitant un traitement prolongé et particulièrement coûteux d’accéder aux soins. Nous ne pouvons assister à la menace de démantèlement de cet édifice sans réagir », écrivent, dans une lettre ouverte, 25 associations de malades dont RoseUp (cancer), Renaloo (maladies rénales), ou l’Association française des hémophiles. « Nous refusons d’être désignés comme responsables des déficits du système de santé, de nous excuser d'être de plus en plus nombreux. Ce n'est pas dans les poches des patients (...) qu'il faut chercher cet argent », écrivent-elles au ministre.
Les mesures visant à augmenter le reste à charge des patients se multiplient, comme le doublement des franchises médicales, fustigent-elles, regrettant un « discours ambiant qui laisse à penser que certains patients abusent du système avec l'aide de médecins complaisants ». Pourtant, « le reste à charge moyen en ALD est pratiquement deux fois plus élevé que celui du reste de la population », soulignent-elles, et les malades chroniques doivent « fréquemment arrêter ou réduire leur activité professionnelle », tout comme certains proches-aidants, plongeant certaines familles dans la précarité.
Avec l’AFP.
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