Depuis des années, on s’interroge à l’intérêt de supplémenter la population en vitamine D, et les femmes en âge de procréer en fer. Mais ces supplémentations systématiques ne sont pas recommandées, selon un avis du Haut Conseil de la santé publique.
Certains Français ont recours à une supplémentation en vitamine D, soit médicamenteuse (sur prescription), soit sous forme de complément alimentaire en vente libre. Mais cette supplémentation est-elle justifiée ? Faut-il la recommander à l’ensemble de la population, sachant qu’en 2015, 6,5 % des Français étaient carencés (< 10 ng/ml) et 34,5 % en insuffisance (< 20 ng/ml) ?
Pour le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), la réponse est clairement non. « La vitamine D de l’organisme provient à 80 – 90 % de la biosynthèse cutanée sous l’effet des rayonnements ultraviolets du soleil, versus 10 à 20 % provenant d’une source exogène par absorption d’aliments riches en vitamine D. L’exposition aux UV est donc très importante pour couvrir les besoins en vitamine D », justifie le Haut Conseil. Ainsi, l’instance recommande de promouvoir un mode de vie sain et favorable au statut en vitamine D :
- En assurant une exposition solaire modérée mais suffisante et compatible avec les messages de prévention des cancers cutanés,
- En promouvant une consommation d’aliments riches en vitamine D en cohérence avec les recommandations nutritionnelles (une portion de poisson gras par semaine, œufs, fromages et 2 produits laitiers par jour).
En revanche, il faut « éviter l’autoprescription de compléments alimentaires riches en vitamine D », insiste le HCSP, étant donné que « le risque potentiel de consommation de fortes doses de compléments alimentaires à base de vitamine D est encore inconnu ».
Toutefois, certaines populations sont plus à risque de carence en vitamine D, comme les personnes en situation de précarité, les personnes obèses, les personnes ne s’exposant pas au soleil (vivant en institution ou portant des vêtements très couvrants). Dans ces cas, il « revient aux professionnels de santé de surveiller le statut en vitamine D et de supplémenter si besoin », préconise le HCSP.
Pour le fer, le risque de non-couverture des besoins se pose principalement chez les femmes en âge de procréer en raison des menstruations. Mais en métropole, la fréquence des anémies ferriprives chez ces femmes est faible, de l’ordre de 3 %. « Sur la base de ces données, et en regard des potentiels effets négatifs de la supplémentation en fer, il ne semble pas pertinent de chercher à augmenter les apports en fer pour l’ensemble de la population, par exemple par un enrichissement en fer d’aliments vecteurs pour la population adulte », avance le HCSP. En revanche, Il est recommandé de concentrer les mesures de prévention sur les groupes à risques d’anémies ferriprives, en couplant un dépistage avec une éventuelle supplémentation martiale (dépistage orienté par les facteurs de risque et un tableau clinique évocateur).
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