DANS UN CONTEXTE médiatique complexe, l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) publie une actualisation des données de pharmacovigilance relatives au vaccin Gardasil. Celles-ci sont rassurantes. En effet, « depuis la commercialisation du Gardasil et jusqu’au 20 septembre 2013, 5,5 millions de doses ont été distribuées et 2 092 effets indésirables notifiés, dont 503 graves. La majorité (76 %) de ces notifications concerne des cas non graves (douleur au site d’injection par exemple). Quant aux manifestations auto-immunes, leur nombre reste faible (127 cas notifiés dont 17 cas de sclérose en plaques) » : ainsi, on n’observe pas d’augmentation des maladies auto-immunes chez les femmes vaccinées par rapport au taux attendu de ces maladies chez les femmes non vaccinées. Ces nouvelles données ne remettent donc pas en cause le rapport bénéfice risque favorable de ce vaccin, qui reste recommandé. Toutefois, pour consolider ces données et dans le contexte de méfiance actuel, l’agence lance avec l’Assurance-maladie une étude de pharmacoépidémiologie sur le risque de survenue de maladie auto-immune chez les femmes vaccinées.
Pétition et contre-pétition.
Ces mesures d’information et de précaution de l’agence de santé française s’inscrivent dans un contexte médiatique assez tendu. Rappelons que, en décembre 2013, 9 femmes victimes des effets néfastes présumés du vaccin Gardasil ont déposé plainte contre X pour « atteinte involontaire à l’intégrité physique et tromperie aggravée » au tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Selon leur avocate, ces 9 femmes, âgées de 18 à 24 ans « ont en commun d’avoir contracté des maladies très invalidantes dans les semaines et les mois qui ont suivi la vaccination alors qu’elles n’avaient pas d’antécédents médicaux ».
Pour mettre de l’huile sur le feu, l’association Med-Océan a lancé fin mars une pétition pour réclamer la « mise en place urgente d’une mission parlementaire » au sujet de « l’opportunité » de cette vaccination. Au 5 avril, plus de 1 000 médecins et sages-femmes l’avaient signée, dont le Dr Irène Frachon, à l’origine de l’affaire du Mediator. Ces professionnels de santé contestent surtout l’efficacité du vaccin et en critiquent le prix (123 euros la dose).
En réaction, le 10 avril, six sociétés savantes de renom, regroupant notamment des pédiatres et des gynécologues (dont la Société française de pédiatre et le Collège national des gynécologues obstétriciens de France), ont lancé une contre-pétition visant, au contraire, à soutenir le vaccin contre le cancer du col de l’utérus. Elles estiment que ces attaques sont sans fondement scientifique sérieux et remettent en cause le bien fondé de l’ensemble du calendrier vaccinal en France.
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