Préparée depuis plusieurs semaines, la grève nationale des pharmaciens allemands semble connaître un succès supérieur aux estimations des organisateurs, qui espéraient 80 % de fermetures ce mercredi 14 juin. Selon les premiers pointages, 9 pharmacies sur 10 seraient fermées aujourd’hui dans l’ensemble du pays, seules les officines de garde fonctionnant normalement.
Outre les fermetures annoncées depuis plusieurs jours par des affiches en vitrine (comme sur notre photo) et des informations dans les médias, des manifestations de pharmaciens se déroulent dans la plupart des villes allemandes. Des défilés sont prévus un peu partout au cours de la journée, mais les officinaux dialoguent aussi avec la population, notamment à Hanovre où ils ont déjà passé la journée d’hier sur l’une des principales places de la ville. Au nord-est de l’Allemagne, ils ont été nombreux à affréter des bus spéciaux pour participer, à partir de midi, à une grande marche à travers le quartier gouvernemental de Berlin. Les syndicats régionaux de chaque Land organisent leur lot d’événements, avec le soutien de leur association fédérale, l’ABDA. Symbole parmi d’autres de cette forte mobilisation : même les pharmacies des grandes gares, en général toujours ouvertes, ont été autorisées à fermer par la DB, l’opérateur ferroviaire propriétaire des locaux.
Les pharmaciens réclament avant tout une revalorisation de leur honoraire de dispensation, introduit en 2004 et augmenté une seule fois en 2013 : il s’élève depuis 10 ans à 8,35 euros par boîte, alors qu’il devrait être au moins fixé à 12 euros pour tenir compte de l’augmentation des coûts et des charges ainsi que de l’inflation depuis cette époque. En outre, les confrères d'outre-Rhin dénoncent la charge de travail accrue, mais non rémunérée, liée aux incessantes ruptures de stock, et les contraintes administratives toujours plus lourdes. Les fermetures d’officines se multiplient dangereusement en Allemagne, les pharmaciens ont de plus en plus de mal à trouver des repreneurs ou des successeurs et redoutent la disparition de leur réseau de proximité indispensable aux patients. La mobilisation est d’autant plus forte qu’ils se sentent particulièrement méprisés par leur ministre de tutelle, Karl Lauterbach, qui a déclaré il y a quelques jours qu’ils n’avaient aucune raison de se plaindre, avant toutefois de relativiser un peu ces propos à la veille de la journée d’action.
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