Une mission d'information sur le développement de l'herboristerie et des plantes médicinales mise en place par le Sénat doit rendre ses conclusions à la fin du mois de septembre.
L’une de ses propositions pourrait être de restaurer le métier d’herboriste, rayé du code de la Santé publique depuis 1941. « N'importe qui peut se proclamer herboriste car aucun diplôme ne valide le titre », regrette le sénateur du Finistère Jean-Luc Fichet, lors des auditions de la mission d’information. Pour lui, « la différence qui sépare le psychologue du psychiatre constitue un parallèle éclairant. Le champ d'exercice du psychologue est précisément défini et complète celui du psychiatre. Il pourrait en être de même pour l'herboriste et le pharmacien ». Le sénateur de la Corrèze Daniel Chasseing se demande, lui, s’il ne faudrait pas prévoir un encadrement des herboristes sous l'autorité d'un pharmacien apte à contrôler d'éventuelles interactions des plantes avec les médicaments.
Exigences de sécurité
Quelles que soient les pistes envisagées, le retour du métier d’herboriste ne plaît guère aux représentants de la profession pharmaceutique auditionnés par le Sénat. Pour la présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, le recours aux plantes n’est pas sans risque. « Soin par les plantes ne veut pas dire soin sans danger », insiste-t-elle, soulignant que 5 à 10 % des intoxications traitées aux urgences ou dans les centres antipoison sont liées à l'ingestion de plantes comme l'aconit, l'if, la belladone ou le datura. Aussi, pour la présidente de l’Ordre, il n’y a pas de doute, « le pharmacien est le plus à même de répondre aux exigences de sécurité liées à leur utilisation, il possède la connaissance des plantes médicinales et de leurs dérivés, qui requièrent une technicité importante ».
« Il n'y a pas besoin d'inventer autre chose, il suffit de développer ce qui existe déjà », estime de son côté Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Selon lui, dans les départements où la production se développe le plus, par exemple la Drôme, les pharmaciens travaillent déjà avec les laboratoires pour mettre à disposition des patients des plantes et des huiles essentielles. Plus largement, Gilles Bonnefond se demande comment on peut prétendre contrôler l'équilibre d'une ordonnance sans maîtriser l'ensemble de la physiologie, de l'anatomie, l'ensemble de la pharmacopée chimique ou des médicaments issus du génie biologique. « Alors que les thérapies évoluent, notamment concernant les nouveaux protocoles des traitements contre le cancer, la formation permanente des pharmaciens, dont je vous rappelle qu'ils ont validé six années d'études, est une nécessité, argumente-t-il. Ne pas avoir une formation solide de base, qui permet de maîtriser l'ensemble des alternatives thérapeutiques, me semble être un danger pour le patient. » Le président de l’USPO conclut : « Créer une formation diplômante d'herboriste serait nécessaire s'il y avait une carence, or il n'y en a pas. La pharmacie répond à cette demande. »
« En quoi un herboriste apporterait un service supplémentaire ? » interroge également David Pérard, président de la commission Communication de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF), indiquant que « le réseau de 22 000 pharmacies d'officine, présent sur l'ensemble du territoire, est là pour répondre à cette demande sociétale ». Au-delà de la compétence et de la proximité des pharmaciens, David Pérard insiste sur la sécurité apportée par le réseau officinal. « La loi oblige déjà chaque pharmacie à disposer d'un pharmacien présent en permanence à l'officine pendant ses heures d'ouverture et même de pharmaciens supplémentaires en fonction des tranches de chiffres d'affaires définies par la loi, détaille le président de la commission Communication de la FSPF. Un autre outil contribue à la sécurité des patients : le dossier pharmaceutique (DP) qui permet de tracer les dispensations médicamenteuses effectuées par toutes les officines, ce qui réduit le risque d'interactions médicamenteuses et de contre-indications grâce à une meilleure connaissance du patient. » Certes, les délivrances des produits à base de plantes ne sont pas tracées dans le DP, mais ce dernier donne accès à ce qui a été délivré au patient et qui pourrait faire l'objet de contre-indications, rappelle David Pérard. Autant d'arguments qui plaident en défaveur du retour de la profession d'herboriste.
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