Alors qu'Agnès Buzyn recevait ce midi les représentants du collectif Mon homéo mon choix, les lobbies sont montrés du doigt par le gouvernement pour les fortes pressions exercées sur les politiques.
Ce jeudi matin sur France Info, la porte-parole LREM Aurore Bergé a soutenu la décision de dérembourser l'homéopathie « justifiée par la science » et déploré les pressions subies. « Nous avons été, en tant que parlementaires, harcelés de messages de la part de Boiron, qui nous a invités à des conférences, des petits-déjeuners, des rencontres, qui a déployé énormément de moyens. On démontre non seulement qu'on fait confiance à la science, mais aussi qu'on n'est pas soumis aux lobbies quand on prend cette décision courageuse ». Elle ajoute que « tous les parlementaires » ont été approchés par Boiron.
Un rapport sur « le poids des lobbys sur le Parlement » publié mercredi confirme un lobbying intensif à partir du mois de janvier 2019, lorsque la HAS a annoncé reporter son avis au printemps. Le Projet Arcadie, auteur dudit rapport, remarque que tout commence par l'achat, par une agence de communication, de plusieurs noms de domaines dont l'un servira à la création du site de recueil de pétitions www.monhomeomonchoix.fr. Suivra une campagne de publicité sur les réseaux sociaux, via des vidéos sur Facebook visant « principalement » les femmes de 45 à 55 ans, puis la création du hashtag #MonHomeoMonChoix le 3 avril et des spots sponsorisés sur Instagram d'influenceuses défendant la cause de l'homéopathie en mettant « en avant leurs enfants avec de belles photographies ». Enfin le livre blanc du collectif, préfacé par 17 parlementaires, reprend les éléments de langage qui se retrouvent « dans la plupart des amendements concernant ce sujet » dans le budget de la Sécurité sociale pour 2019 et dans les « questions écrites » de parlementaires.
Des pressions également évoquées par Agnès Buzyn hier sur RTL en soulignant qu'on ne peut pas « décider par pétition, par du lobbying, du taux de remboursement d'un médicament ». Lors de sa rencontre aujourd'hui avec le collectif Mon homéo mon choix, la ministre a, par ailleurs, tenu à rappeler que « le rôle de la Sécurité sociale n'est pas de protéger les emplois mais d'apporter des soins reconnus aux patients français ». À la question sur la possibilité de faire machine arrière si une étude scientifique prouvait l'efficacité de l'homéopathie, la ministre répond « oui car ce n'est pas un choix politique ». « Tout médicament est remboursé sur la base de l'évaluation scientifique de la Haute Autorité de santé (HAS) qui dit aujourd'hui qu'il n'y a pas lieu de rembourser. Les laboratoires peuvent revenir à tout moment vers la HAS s'ils ont de nouvelles études à présenter et demander le remboursement, comme tout laboratoire pour tout médicament ». C'est en tout cas le souhait exprimé par le collectif.
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