La Ligue contre le cancer lance une nouvelle campagne de communication pour alerter sur la problématique des pénuries de médicaments. Un phénomène auquel 75 % des personnes malades du cancer ont déjà été confrontées selon l'association.
Selon les chiffres de la Ligue, environ 10 % des médicaments utilisés en cancérologie font l'objet de situations de pénuries depuis 2012. Une situation qui « s'aggrave d'année en année, provoquant angoisse, incompréhension et colère chez les patients déjà lourdement touchés par la maladie », déplore le nouveau président de la Ligue, Daniel Nizri. « Comment assurer la continuité des soins pour toutes les personnes malades avec la même efficacité si l'on est confronté à des pénuries de médicaments récurrentes ? Comment peut-on expliquer à ces personnes, qui se battent déjà au quotidien contre la maladie, que leur médicament n'est pas disponible ? », interroge-t-il.
En vigueur depuis le 1er septembre, près de deux ans après avoir été annoncée, l'obligation de stock de deux mois imposé aux laboratoires pharmaceutiques pour les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) n'est pas une avancée suffisante aux yeux des responsables de la Ligue contre le cancer. « Nous demandions des stocks de quatre à six mois. Nous n'avons obtenu que des stocks de deux à éventuellement quatre mois. Or, lorsque la pénurie dure six mois, huit mois, un an, le stock de deux mois est très vite épuisé », signale Jean-Paul Vernant, vice-président de la Ligue, sur « France Info ». Parmi les pistes à envisager pour contrer ou au moins limiter les pénuries de médicaments, le Pr Vernant appelle à « rapatrier en Europe la production des principes actifs », imposer des « punitions financières » aux industriels qui ne constituent pas de stock, et favoriser la création d'un établissement français du médicament, soit « une structure donneuse d'ordre qui travaille dans le cadre d'une association public-privé ».
Pour alerter l'opinion, la Ligue va diffuser des séquences vidéo sur les réseaux sociaux et publier une BD qui met en lumière des témoignages de personnes touchées par les pénuries de médicaments contre le cancer. Une campagne résumée par un slogan : « Il paraît que l'espoir fait vivre… les médicaments, c'est sûr ! ».
Les déclarations des représentants de la Ligue contre le cancer ont d'ores et déjà fait réagir l'organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France, le LEEM, qui a tenu à « rétablir la vérité » dans un communiqué. Ce dernier estime qu'il « ne faut pas confondre hausse des signalements et hausse des ruptures ». Si les signalements sont en hausse, « cela témoigne de l’action renforcée des entreprises pour informer de manière anticipée l’ANSM des risques ou tensions de la chaîne d’approvisionnement », analyse le LEEM, qui rappelle en guise de conclusion que « les tensions d’approvisionnement sont un problème multifactoriel et international, dans lequel les entreprises du médicament prennent leur part de responsabilité, mais qui ne pourra être éradiqué qu’en engageant une réponse collective qui aborde le sujet dans toutes ses dimensions ».
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