Plus que jamais, le niveau de rémunération du pharmacien est déconnecté du nombre d’unités vendues à l’officine. Pour preuve, le volume a, une nouvelle fois, décru pour ne plus atteindre que 1,275 milliard de boîtes de médicaments remboursables au premier semestre. Or ce recul de 2,28 % n’empêche pas le chiffre d’affaires – honoraires compris — d’augmenter de 1,79 % à 13,012 milliards d’euros. Un paradoxe que l’augmentation des ventes en médicaments chers ne saurait, à elle seule, expliquer.
La véritable raison de ce regain est à chercher du côté des trois honoraires de dispensation introduits au 1er janvier. Prévus à l’avenant 11 de la convention pharmaceutique, ils semblent jouer leur rôle d’amortisseur. Ainsi, pour la première fois depuis 2016, la courbe de la rémunération du pharmacien se relève. Les 21 665 pharmacies françaises ont en effet engrangé une marge sur le médicament remboursable de 2,63 milliards d’euros au premier semestre, soit une augmentation de 1,50 % pour un réseau qui perdait encore 3,41 % de rémunération en 2017 et 0,48 % en 2018. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), se félicite de ces quelque 39 millions supplémentaires gagnés au cours des six derniers mois : « En 2018, la rémunération a été stabilisée grâce à la modification des paramètres de marge. En 2019, l’introduction des honoraires de dispensation fait passer la profession en positif, ce que l’on n’avait pas connu depuis de nombreuses années. »
Une rentrée chaude
Un signal positif certes mais qui reste insuffisant, juge de son côté Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Nous sommes encore sous la ligne de flottaison de 2016 », remarque-t-il, rappelant que son syndicat a refusé de signer l’avenant 11 pour l’indigence de ses ambitions et, surtout, de son calibrage financier. Le président de la FSPF ne peut s’empêcher d’ajouter que son syndicat a sauvé de justesse le bilan du premier semestre. « Nous avons averti la CNAM que ses services avaient oublié d’inscrire à la liste des médicaments spécifiques servant à la facturation des honoraires spécifiques un nombre important de produits courants. Sans cette réintroduction, plus de 30 millions d’euros de marge auraient échappé aux pharmaciens au premier semestre », expose Philippe Besset.
Il voit dans cet oubli, qu’il qualifie volontiers de « bug », une invitation supplémentaire à veiller scrupuleusement à l’application de l’avenant 11. Il promet du reste que sa vigilance va s'intensifier à la rentrée. Son attention se concentrera tout particulièrement sur les pharmacies dont la situation économique s’est aggravée depuis l’avenant 11. « J’attends de la CNAM qu’elle actionne la clause de sauvegarde en faveur de ces officines que nous soutiendrons bien entendu. Cela sera l’une de nos principales missions à l’automne », annonce Philippe Besset. Et parce que la tâche s'annonce rude pour le réseau officinal, il formule à nouveau le vœu d’une mutualisation des forces syndicales seule capable, selon lui, de faire face à la technicité croissante et aux moyens administratifs considérables déployés par la CNAM.
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