L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) a bien l’intention de participer à l’évolution du métier d’officinal. Dans cet objectif, elle vient de formuler 67 propositions visant à moderniser le système de santé, en passant par le pharmacien d’officine.
« Ces suggestions ont été remises à la direction de la Caisse nationale d’assurance-maladie ainsi qu’au ministère de la Santé. Agnès Buzyn a déjà demandé à nous rencontrer à ce sujet », dévoile Guillaume Racle, vice-président de l’ANEPF.
Dans le détail, 19 propositions concernent l’amélioration de la prévention, 21 visent à mieux structurer l’offre de soins dans les territoires, 16 s’intéressent au développement du numérique en santé et 11 touchent la qualité à l’officine.
Prévention
Pour améliorer la prévention, les étudiants souhaitent notamment que les pharmaciens soient autorisés à dispenser des substituts nicotiniques qui seraient pris en charge par l’assurance-maladie grâce à un protocole établi dans le cadre d’un entretien. Ou encore, que l’on mette à disposition des lots de vaccins antigrippaux chez les généralistes et les infirmiers diplômés d’État, pour améliorer la couverture vaccinale et jouer la carte de l’interprofessionnalité. Les pharmaciens pourraient aussi remettre des kits de dépistage du cancer colorectal après un entretien formalisé (avec dédommagement du temps passé). Les dépistages pourraient également être élargis (dépistage des maladies cardiovasculaires, de la fragilité osseuse, des cancers cutanés).
Afin de mieux structurer l’offre de soins, l’ANEPF évoque la mise en place de façon systématique d’une conciliation médicamenteuse pour les entrées et sorties hospitalières et de renforcer la coordination ville-hôpital.
Pour développer le numérique, les idées fusent aussi : dématérialiser la carte Vitale sur le Smartphone, généraliser la prescription électronique…
Enfin, sur le plan de la qualité, les étudiants reprennent l’idée de l’Ordre national des pharmaciens, qui souhaite mettre rapidement à disposition des officinaux un référentiel qualité et des outils numériques, avec un soutien financier pour que chaque officine puisse déployer cette démarche qualité.
Des priorités
Au regard de ces nombreuses préconisations, l’ANEPF a défini quelques priorités. « Nous voulons d'abord obtenir la dispensation sous protocole de médicaments à prescription obligatoire, la mise en place de cercles qualité pour améliorer l'efficience des prescriptions, la généralisation de la e-prescription, le déploiement des télé-soins pharmaceutiques et de protocoles de dépistages rémunérés et remboursés à l’officine (avec des entretiens et des TRODS, pour le VIH, les hépatites, le diabète, l’angine, etc.) », souligne Guillaume Racle. De plus, il faut rapidement « instaurer des entretiens de prévention aux différents âges de la vie », et « autoriser le pharmacien, en cas de rupture d’un médicament, à le substituer par une autre classe en accord avec le médecin », ajoute-t-il.
Certaines de ces mesures pourraient déjà s’inscrire dans le projet de loi de santé 2019 qui sera prochainement dévoilé. « Ce texte cite à plusieurs reprises le pharmacien. Néanmoins, il reste vague, et certaines choses devront être précisées par décret », avance Guillaume Racle. Pour le vice président de l'ANEPF, au final, « l'objectif est de mettre en place de nouvelles missions les unes après les autres, en les structurant bien, jusqu’à atteindre un volume qui permettra au pharmacien d’être économiquement viable ».
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