Le problème de la désertification médicale s’étend dans l’Hexagone. Une étude réalisée par l’Association des petites villes de France (APVF) montre ainsi « une fragilisation de l’offre de soins dans les petites villes qui se manifeste par plusieurs phénomènes : disponibilité des soins insuffisante, particulièrement dans le domaine de la médecine spécialisée, vieillissement des praticiens qui touche la médecine générale et spécialisée et difficulté de ces praticiens à trouver des remplaçants ». Mais la désertification médicale ne concerne pas uniquement les territoires ruraux. Les élus relèvent ainsi que « de nombreuses communes périurbaines ou limitrophes d’une grande ville ou d’une métropole sont concernées ».
Dans ce contexte, l’APVF, qui représente les communes de 2 500 à 25 000 habitants, souhaite relancer le débat sur les conditions d’installation des prescripteurs. Constatant « l’échec » des différentes mesures d’incitation déjà mises en place pour mettre fin au manque de médecins dans certains territoires, elle demande que ces conditions d’installation soient soumises à des règles à l’instar de celles en vigueur pour les pharmaciens ou les infirmiers, et qui « marchent très bien », comme le souligne Xavier Nicolas, pharmacien et maire Les Républicains de Senonches (Eure-et-Loir).
Concrètement, l’APVF propose de s’inspirer de la loi de répartition démogéographique appliquée aux officines. Ou alors du cadre réglementaire auquel obéissent les infirmières libérales exerçant en « zone surdotée » et qui ne peuvent prétendre à un conventionnement avec l’assurance-maladie qu’en cas de cessation d’activité d’un confrère.
Les Français favorables
Des mesures qui devraient être bien accueillies par les Français. Selon un sondage BVA* réalisé fin octobre 2015 pour le Collectif interassociatif sur la Santé (CISS), plus de 70 % d’entre eux estiment que l’État devrait intervenir pour réguler l’installation des médecins libéraux. Parmi eux, 55 % plébiscitent la contrainte, soit en limitant l’installation des médecins dans les zones où ils sont déjà en nombre suffisant (29 %), soit en obligeant des médecins à s’installer dans les zones où ils sont en nombre insuffisant (26 %). La raison ? Plus de 6 sur 10 affirment avoir été au moins une fois dans l’impossibilité de consulter un médecin (généraliste ou spécialiste) dans un délai raisonnable.
Mais du côté des médecins, pas question que la liberté d’installation soit remise en cause. « La mise en place d’une obligation d’installation dans des zones déficitaires sera un échec, à l’instar des autres pays européens qui y ont renoncé », expliquait en réponse au sondage BVA la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Pour elle, « comment peut-on contraindre des médecins à s’installer dans des zones où l’État lui-même s’est désengagé ? »
Les élus de l’APVF ont bien conscience de la réticence des prescripteurs à l’idée de se voir imposer des règles d’installation. « On sait que les syndicats de médecins libéraux sont contre l’ingérence de l’État, mais il faut que la profession prenne conscience qu’il faut avancer ensemble », indique Nathalie Nieson, maire socialiste de Bourg-de-Péage (Drôme).
« Le constat est qu’il n’y a jamais eu autant de médecins en France mais que, dans le même temps, nos concitoyens n’ont jamais eu autant de difficultés pour trouver un praticien dans un certain nombre de territoires, explique pour sa part Xavier Nicolas. On en déduit que c’est surtout un problème de répartition. »
Relevant que « c’est une question qui revient en priorité chez nos administrés », le maire de Senonches précise qu’il ne s’agit pas d’obliger les prescripteurs, mais de mettre en place une répartition démogéographique afin qu’ils s’installent là où il y a des besoins. « On ne leur impose rien du tout, insiste-t-il. Ce ne sont que des pistes et nous restons ouverts aux propositions que peut faire la profession. »
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