« II reste et il restera des pharmacies dans le centre-ville de Cherbourg. » Cette affirmation de Jean-Charles Coudrier, conseiller ordinal à l’Ordre des pharmaciens de Basse-Normandie (qui fusionnera avec celui de Haute-Normandie fin mai), aura le mérite de rassurer les Cherbourgeois. Comme partout en France, de nombreuses officines de cette ville de près de 40 000 habitants souffrent. « Je constate des problèmes plus aigus à Cherbourg qu’ailleurs dans le département », affirme toutefois Jean-Charles Coudrier. Pour appuyer ses propos, celui qui dirige une pharmacie à Picauville, à 40 km de là, évoque notamment les « 3 ou 4 officines cherbourgeoises actuellement placées en redressement judiciaire ». Un phénomène plutôt récent dont le conseiller n’a connaissance que « depuis 5 ou 6 ans ».
Trop d’officines à Cherbourg ?
Le nombre de pharmacies cherbourgeoises en redressement judiciaire interpelle. Comment l’expliquer ? Selon l’agence régionale de santé (ARS) de Normandie, qui a mené une étude statistique en 2018, « il y a un nombre excédentaire d’officines sur la commune nouvelle de Cherbourg-en-Cotentin, et plus particulièrement sur la zone centre ». Sur l’ensemble de la commune, l’ARS dénombre 32 officines en 2018, soit un excédent de 13 si l’on se fie aux dispositions prévues par le code de la santé publique. Depuis 2016, pas moins de 5 pharmacies cherbourgeoises ont baissé définitivement leur rideau. Quant à l’hyper-centre, qui voit sa population baisser continuellement depuis 5 ans, il compte actuellement « 10 pharmacies ouvertes au public, soit un excédent de 7 officines, pour cette population résidente ». Un nombre excédentaire d’officines expliquerait donc les difficultés rencontrées par certains professionnels locaux ? Le conseiller ordinal, Jean-Charles Coudrier, ne dit pas le contraire mais veut aussi évoquer une autre problématique.
Exode médical
En 2016, la préfecture de la Manche est officiellement devenue Cherbourg-en-Cotentin après une fusion avec quatre communes de la périphérie. « Une zone franche a été créée par la communauté de communes, rappelle Jean-Charles Coudrier. Les médecins ont largement été incités à venir s’y installer, pour des raisons fiscales notamment. » Loin du centre-ville, davantage de magasins, de places de stationnement, mais donc aussi de médecins. « Les officines de centre-ville en difficulté ont toutes un point commun, affirme Jean-Charles Coudrier, elles ont été victimes de la démographie médicale de leur secteur. Les médecins installés à proximité ont déménagé et cela a considérablement nui à leur activité. »
Des affirmations largement confirmées par l’ARS de Normandie : « La création de la zone franche, (a entraîné) un exode de quasiment tous les médecins historiques du centre-ville de Cherbourg-en-Cotentin Du fait de ces déplacements de prescripteurs, et de départs à la retraite non remplacés, il n’y a pratiquement plus de médecins en centre-ville. » Conséquence pour les pharmacies cherbourgeoises : « une raréfaction des prescriptions, fragilisant le tissu économique des officines de la zone centre, notamment pour la primo délivrance de médicaments, souvent par la pharmacie la plus proche du cabinet médical. Les chiffres d’affaires de certaines pharmacies du centre-ville, en moyenne déjà faibles, se dégradent de fait continuellement pour quelques-unes, moins attractives commercialement. » Ardemment défendue par les autorités de l’époque, la zone franche a eu des conséquences extrêmement importantes sur l’offre de soin de la préfecture de la Manche. Dans des dimensions qui laissent perplexe quant à l’anticipation du phénomène par ces mêmes autorités. Conscientes de l’ampleur prise par le problème, la ville de Cherbourg-en-Cotentin espère prochainement ouvrir un centre de santé municipal, dans une ZAC proche du centre-ville.
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