• NATHALIE ARTHAUD (Lutte ouvrière)
« Le système de santé est dans un état déplorable, estime Nathalie Arthaud. L'accès aux soins est de plus en plus difficile pour une grande partie de la population, les classes populaires et les plus pauvres, tandis que les grands groupes industriels, en particulier pharmaceutiques et de la finance, regorgent d'argent. » Alors, pour la candidate de Lutte ouvrière, « c'est sur leurs profits qu'il faut prendre pour assurer une médecine gratuite pour tous ». Elle ajoute : « Le problème n’est pas de savoir si le budget de la Sécurité sociale est en équilibre ou pas, mais d’imposer que la bourgeoisie paye pour les dégâts sociaux que son système engendre et de l’empêcher de nuire ». Comment ? « En l’expropriant », répond l’enseignante en économie et gestion. Elle compte notamment faire passer à la caisse les grands « trusts pharmaceutiques ». « Nous pensons qu’il faut imposer un contrôle sur l’argent gagné par ces entreprises sur le dos de la santé publique, explique-t-elle. Nous prônons à cet égard la levée du secret des affaires afin d’avoir accès aux comptabilités, et savoir par exemple ce que coûte réellement un nouveau médicament. » Pour elle, le coût de la recherche a bon dos, car elle est en partie payée par l’État via les crédits impôt recherche. « Une fois cette transparence assurée, on verra s’il faut aller plus loin avec les laboratoires, explique Nathalie Arthaud. Nous sommes partisans de l’expropriation, pour que les profits profitent à tous. »
• FRANÇOIS ASSELINEAU (Union populaire républicaine)
Inspecteur des finances, diplômé d'HEC et de l'ENA, François Asselineau veut garantir une Sécurité sociale publique pour tous et mettre un terme à la marchandisation de la santé. Candidat autoproclamé du Frexit, il accuse les directives européennes de s’attaquer régulièrement au principe de la Sécurité sociale. Mais aussi aux piliers de l’officine. « D'où vient la dérégulation du métier de pharmacien ? Les bouleversements que subit la profession de pharmacien sont une conséquence des traités européens, introduits par le traité de Lisbonne, ratifié en 2008, alors que les Français l’avaient rejeté lors du référendum de 2005 », affirme le représentant de l’Union populaire républicaine (UPR). Il ajoute : « Les traités européens protègent le libéralisme sauvage avant la santé des citoyens. » François Asselineau se prononce également contre les déremboursements de médicaments qu’il dit « imposés par l’Union européenne » et entend suspendre les « autorisations de commercialisation pour les centaines de médicaments inefficaces, voire dangereux, après une étude indépendante ». Il veut obliger légalement l’industrie pharmaceutique à fournir la forme trivalente du vaccin DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite) et souhaite lancer une grande politique publique de médecines douces et alternatives, encadrée par des expertises médicales incontestables, afin d’offrir une médecine moins uniquement dépendante des grands laboratoires pharmaceutiques. Il promet aussi de relancer la production des médicaments en France.
• JACQUES CHEMINADE (Solidarité et Progrès)
« La santé n’est pas une marchandise, insiste Jacques Cheminade. Mon objectif est de sauver ce trésor national en demeurant fidèle aux principes qui inspirèrent Ambroise Croizat et Pierre Laroque et en faisant de la prévention massive et du respect de chaque malade une priorité absolue. » Dans son programme, le candidat propose de créer une assurance-maladie universelle couvrant l’ensemble des dépenses de santé, en incluant dans la Sécurité sociale la couverture complémentaire. Ce diplômé de l’ENA, d’HEC et ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Économie et des Finances juge « scandaleux de culpabiliser les Français sur le coût de leurs soins pour leur imposer une série de mesures allant à l’encontre du principe d’égalité et de solidarité sociale », comme il est « inhumain et stupide » de songer à supprimer l’aide médicale d’État (AME) « ne serait-ce que parce qu’elle constitue une barrière efficace contre le risque que se constituent des réservoirs d’épidémies ». Il souhaite mener « une politique du médicament, s’attaquant à la rente de l’industrie pharmaceutique », ce qui permettrait, selon ses calculs, « d’économiser entre six et dix milliards d’euros ». Dans ce cadre, il veut « stopper les autorisations de mise sur le marché de fausses nouveautés visant à contourner les génériques », et « contrôler plus sévèrement les prix des molécules innovantes ». Parallèlement, il plaide pour un changement du mode de rémunération des pharmaciens « pour qu'ils ne soient plus sous la dépendance directe de l'industrie pharmaceutique ».
• JEAN LASSALLE (Résistons !)
Candidat atypique, Jean Lassalle veut faire entendre une musique différente pendant cette campagne à l’élection présidentielle. « J’ai vécu dans ma vallée, j’ai vu en France et à travers le monde, la mondialisation financière bouleverser notre économie et notre société, écrit-il sur son site Internet. Désindustrialisation et chômage, appauvrissement de nos campagnes, guerres du pétrole, paralysie acceptée par des politiques aux ordres des marchés financiers. Je ne l’ai jamais accepté. Je ne le supporte plus. » En octobre 2016, devant l’Assemblée nationale, il déplore la politique « catastrophique pour notre pays » menée à l’égard des laboratoires pharmaceutiques. « La France possède de grands laboratoires, qui fonctionnaient jusqu’ici assez bien, et voilà que certains sont sur le point de fermer », se désole-t-il. Le candidat pointe également le déremboursement de certains médicaments, tels ceux contre la maladie d’Alzheimer, qui angoisse les patients et leurs proches face à ces décisions prises « sans explications préalables ». « Il convient certes de redresser les comptes, mais il faudrait vraiment expliquer en profondeur – nous avons aujourd’hui les moyens de le faire –, ou bien procéder autrement que nous ne le faisons », estime Jean Lassalle.
• PHILIPPE POUTOU (Nouveau parti anticapitaliste)
Philippe Poutou prône la gratuité des soins et des médicaments « prescrits et utiles ». Pour le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), cette prise en charge à 100 % devrait conduire à « la suppression des assurances complémentaires ». Défenseur du tiers payant intégral, l’ouvrier du secteur automobile est favorable à la suppression des dépassements d’honoraires. Derrière le slogan « Nos vies, pas leurs profits », le candidat s’engage à faire reculer les déserts médicaux, grâce notamment à la création de 120 000 emplois dans le secteur de la santé. Ces emplois permettraient de maintenir la présence « d'établissements de proximité, comprenant au moins un service d’urgence, une maternité et un service de chirurgie ». Il entend également ouvrir des centres de santé publics gratuits, de proximité, ouverts 24 heures/24. Ce dispositif public serait entièrement financé par la Sécurité sociale, et remplirait les missions de prévention et de soins.
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