Représentants de la profession, ministre de la Santé… Les réactions n'ont pas tardé après la présentation hier des conclusions de l'Autorité de la concurrence.
Au micro d'Europe 1 ce matin, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a retoqué la proposition de l'Autorité de la concurrence de permettre la vente de médicaments sans ordonnance en parapharmacie et en GMS. D'abord, parce que les médicaments ne s'achètent pas « comme n’importe quel produit de consommation alimentaire ». Ensuite, parce que « fragiliser les petites pharmacies en zone rurale qui sont souvent le premier recours pour les personnes malades » dans un contexte de « désertification médicale et d'abandon du territoire » est « une très mauvaise idée et un très mauvais signal ». Au contraire, la ministre renouvelle sa confiance dans les pharmaciens, saluant à la fois leur « maillage extraordinaire » et le travail qu'ils font « au quotidien pour la santé publique ».
Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) ne dit pas autre chose, insistant sur le fait que la mise en œuvre des propositions de l'Autorité de la concurrence aboutirait à « la désorganisation de la dispensation des médicaments et la financiarisation du réseau des pharmacies ». Elle apprécie peu le double jeu de l'instance qui loue les hautes qualités de la pharmacie française pour finalement renouveler ses attaques sur le monopole officinal et l'ouverture de capital. « L’Autorité de la concurrence avance masquée, mettant en avant des considérations de santé publique, l’intérêt des pharmaciens et les avantages pour les Français, pour mieux porter atteinte aux fondamentaux de la pharmacie. »
Sept organisations représentatives de l’officine avaient déjà dénoncé les conclusions de l'Autorité de la concurrence avant même leur présentation. L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) revient à la charge avec une pétition mise à disposition du grand public pour dire « non à l'entrée des groupes financiers dans les officines, non aux plateformes Internet et non à l'ubérisation de votre santé ». Le syndicat appelle pharmaciens et patients à « s'unir contre l'ouverture du capital des officines, l'AMAZONisation et l'UBERisation de la santé ». De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), dénonce les préconisations de l'Autorité de la concurrence qui conduisent « à la destruction du réseau officinal de proximité » et dégradent « la sécurité de la dispensation du médicament en France ». S'opposant elle aussi à « l'ubérisation de l'officine », la FSPF se réjouit de la prise de position clairement défavorable de la ministre de la Santé à la vente de médicaments hors officine.
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