Invité sur « France Inter », Aurélien Rousseau a été interrogé sur le niveau des stocks de médicaments pour l'hiver qui arrive. Tout en se montrant assez optimiste pour les semaines à venir, le ministre de la Santé a accusé « les grosses pharmacies qui surstockent » d'être en partie responsable des pénuries observées ces derniers mois.
Les pharmaciens revivront-ils un hiver comme celui de l'an dernier, contraints de trouver en permanence des solutions face aux pénuries et tensions d'approvisionnement, notamment d'antibiotiques ? Interrogé ce mardi matin sur cette question, le ministre de la Santé a notamment évoqué le cas emblématique de l'amoxicilline. « Aujourd'hui, d'un point de vue global, on a les stocks pour l'hiver en matière notamment d'amoxicilline, l'antibiotique le plus courant », a affirmé le ministre tout en reconnaissant que le niveau des stocks pour cet hiver allait « dépendre de l'intensité des épidémies ». Aurélien Rousseau a rappelé les différentes mesures prises par l'exécutif ces derniers mois pour lutter contre les pénuries, en particulier la relocalisation de la production de 25 médicaments stratégiques, et souligné que l'ANSM surveillait également le niveau des stocks en pharmacie « au jour le jour ». Le ministre a également tenté d'expliquer ce phénomène de pénuries par une autre cause, adressant au passage un tacle appuyé à certains officinaux. Regrettant des problèmes au niveau de la répartition, Aurélien Rousseau a dénoncé certaines grosses pharmacies, qui « ont fait des surstocks ». Pour contrer ce problème, le locataire de l'Avenue de Ségur déclare avoir « pris la décision de redonner à ceux qui font la répartition la responsabilité que toutes les pharmacies, y compris les plus petites, aient accès à ces stocks ».
La remarque d'Aurélien Rousseau n'est pas passée inaperçue chez les acteurs du monde pharmaceutique. Ce n'est cependant pas la première fois qu'un ministre de la Santé accuse la profession d'être en partie responsable des tensions d'approvisionnement observées sur certains médicaments. « L'an dernier, François Braun avait expliqué que les pharmaciens avaient des problèmes de stock parce qu'ils commandaient mal », rappelle Pierre-Olivier Variot. Le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) ne nie pas en revanche qu'il existe des disparités au niveau des officines, certaines d'entre elles n'ayant par exemple des stocks d'amoxicilline « que pour une journée » quand d'autres ont des réserves bien plus importantes. « Ces différences existent et il faut que cela cesse. Cela dit, affirmer que s'il y a des pénuries c'est à cause du fait que des pharmaciens ont surstocké, cela relève de la malhonnêteté intellectuelle, fustige Pierre-Olivier Variot. Le gouvernement ne cherche pas à s'attaquer aux causes réelles de ces pénuries, j'attends toujours que l'on nous présente un plan pour lutter contre ce phénomène. Il n'y a pas que l'amoxicilline qui est en rupture », tient à rappeler le président de l'USPO, qui regrette en particulier que les concessions faites par le gouvernement aux industriels sur la clause de sauvegarde ne s'accompagnent pas de contreparties pour imposer aux fabricants des engagements pour éviter les ruptures.
La disponibilité de l'amoxicilline sera-t-elle malgré tout meilleure que l'an dernier ? « Les réserves sont un peu plus importantes cette année, les industriels ont entre 2 et 4 mois de stock, mais il est beaucoup trop tôt pour dire ce qui va se passer cet hiver, cela dépendra bien sûr de l'intensité des épidémies », concède Pierre-Olivier Variot.
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