L’OFFICINE est dans la tourmente. Alors que les trois piliers fondateurs de la pharmacie à la française sont attaqués de toute part, les indicateurs économiques s’enfoncent encore un peu plus dans le rouge, comme l’ont rappelé hier les représentants de la profession lors de la 15e Journée de l’économie de l’officine, organisée par « le Quotidien ». Tandis que l’officine traverse une situation grave, « la dégradation économique se poursuit », indique Philippe Besset. Le vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se dit également inquiet des conséquences du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2015, qui devrait être présenté le 8 octobre en conseil des ministres. Encore moins optimiste, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) parle, lui, d’un PLFSS « qui risque d’être sanglant ».
Le dernier rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale n’est pas fait pour rassurer. Au-delà de remettre en cause la politique de développement des génériques en France (« le Quotidien » du 22 septembre), les magistrats de la rue Cambon estiment que la réduction du déficit du régime général se fait à un rythme trop lent, loin des prévisions initiales. Pire, le déficit de la seule branche maladie s’est aggravé, pour la première fois depuis 2010, avec une impasse financière de 6,8 milliards d’euros. Quant à l’année 2014, elle pourrait être « blanche », sans réduction supplémentaire des déficits, s’agace la Cour, qui doute ouvertement du scénario annoncé d’un retour à l’équilibre en 2017. « L’essentiel de l’effort pour revenir à l’équilibre effectif des comptes sociaux reste à accomplir », résument les rapporteurs.
Certes, reconnaissent-ils, le ralentissement économique a tari les recettes qui proviennent pour 80 % de cotisations sociales et de la CSG (et dépendent donc de l’évolution de la masse salariale du privé). Mais, pour eux, cette situation provient aussi de défauts de pilotage du système de santé et du manque de régulation des dépenses maladie. Des conclusions qui ne sont pas de bon augure, alors même que le gouvernement cherche deux milliards d’euros d’économies supplémentaires pour compenser la faiblesse de l’inflation. Les baisses de prix sur les médicaments ne devraient donc pas s’arrêter de sitôt.
Mais pour renflouer les caisses de la Sécurité sociale, la Cour des comptes voit un autre gisement d’économies, celui de la fraude aux cotisations sociales. Un chapitre entier leur est consacré. Et pour cause : entre 2007 et 2012, leur montant a doublé, atteignant 20 à 25 milliards d’euros.
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