« Le système de santé français est à bout de souffle. » C'est le constat cinglant que font l'AFLAR et l'Institut Santé, organisme de recherche présidé par l'économiste Frédéric Bizard et dont le but est justement de proposer des pistes pour refonder notre système de santé.
« Cette refondation n'est pas une révolution c'est simplement la suite de l'histoire, explique Frédéric Bizard. Notre système est en crise alors que nous n'avons jamais eu autant de ressources. Aborder la question des réformes systémiques, un sujet de fond, cela peut sembler moins attirant qu'évoquer des sujets comme la crise de l'hôpital ou les déserts médicaux, mais c'est nécessaire de le faire », résume-t-il.
« Les patients sont résilients, pas notre système de santé »
Pour une écrasante majorité des Français la santé est un enjeu prioritaire, pourtant « le mot "santé" a été entendu une seule fois dans les discours des deux candidats arrivés en tête au 1er tour de l'élection présidentielle », déplore Françoise Alliot-Launois, présidente de l'AFLAR. « Les professionnels de santé ne peuvent pas résoudre tous les problèmes seuls. Notre système de santé n'est pas adapté aux enjeux d'aujourd'hui. On rencontre des patients traumatisés par les fragilités du système, lesquelles sont apparues encore plus criantes durant la pandémie. Aujourd'hui, 10 % des Français n'ont pas de médecin traitant, les délais pour obtenir des rendez-vous ne cessent de s'allonger. Notre système attend que les patients soient malades pour les prendre en charge. Les patients sont résilients mais le système, lui, ne l'est pas », déplore la présidente de l'AFLAR. L’objectif de l'association et de l'Institut Santé est clair : « apporter une pierre à l'édifice du changement », en impliquant au maximum ceux qui sont les premiers concernés, les patients.
Trois grandes réformes structurelles proposées
« Il y a un certain déni de la crise chez ceux qui nous gouvernent, estime Frédéric Bizard. Aujourd'hui, tout est pensé par rapport aux professionnels de santé, il faut changer de paradigme et partir des besoins en santé de la population. Tout doit partir de cela », affirme l'économiste, qui évoque trois grandes réformes structurelles à mener d'urgence. « Une réforme du service public : sortir du tout hôpital et partir des besoins selon les territoires. Mener une réforme sur la gouvernance, définir un plan pluriannuel avec une stratégie et des objectifs de santé publique, pour que tous les acteurs aient une vision claire de la santé dans les 5 ans. Ensuite, il faut simplifier le système pour avoir une meilleure lisibilité, ne pas compliquer la tâche de la Sécurité sociale et donner plus de responsabilités aux assureurs privés, notamment pour certains services innovants en e-santé. Enfin, il est temps de professionnaliser les représentants des associations de patients, le bénévolat a ses limites »*, conclut Frédéric Bizard.
* Sur ce point, lire également en page 31.
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