La profession ne digère pas l'ajout à la dernière seconde d'un amendement au PLFSS pour 2023 autorisant les cabinets de radiologie à acheter directement les produits de contraste auprès des laboratoires pharmaceutiques. À leur tour, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) et l'Union nationale des pharmacies de France (UNPF) ont tenu à réagir et à faire part de leur colère.
Comme ses confrères, Pierre-Olivier Variot, président de l'USPO, a découvert au dernier moment qu'une très mauvaise surprise était venue s'immiscer dans le texte définitif du PLFSS pour 2023, définitivement adopté par l'Assemblée nationale le 2 décembre. « Je l'ai appris au moment où la Première ministre a activé le 49.3. Traiter des partenaires conventionnels de cette manière c'est lamentable », dénonce-t-il. Selon ses estimations, ce changement de doctrine concernant les produits de contraste va causer 300 millions d'euros de perte de chiffre d'affaires et 25 millions d'euros de perte de marge pour le réseau officinal. Dans un communiqué publié ce mardi, l'USPO s'en prend vertement à l'assurance-maladie, accusée d'être à l'origine de cette manœuvre décidée sans discussion préalable avec la profession. L'assurance-maladie « cherche à faire porter les économies demandées aux radiologues par les pharmaciens. Une décision ubuesque prise dans un contexte de tension d’approvisionnement, mais également de baisse des prix des produits de contraste due à l’arrivée des génériques », souligne le syndicat.
Outre l'aspect économique, Pierre-Olivier Variot estime que cette mesure n'est pas pertinente pour le parcours patient. « Désormais, les radiologues vont devoir tenir un ordonnancier. Pour la traçabilité, ils devront garder des informations pendant 10 ans. Une question se pose maintenant : comment la sérialisation va-t-elle pouvoir être assurée par les cabinets de radiologie ? », s'interroge Pierre-Olivier Variot, selon qui un risque réel de falsification existe. « Enfin, si l'on doit arrêter un traitement chez un patient car cela n'est pas compatible avec l'iode, qui va s'en rendre compte ? », demande le président de l'USPO. Sur ce point, le syndicat annonce solliciter l’avis de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour qu'elle se prononce sur les risques iatrogènes liés à la suppression de l’analyse pharmaceutique avec les autres traitements du patient. Courroucé, Pierre-Olivier Variot estime toutefois qu'il est trop tard pour espérer un retrait de cet amendement. « Un décret d'application va devoir être publié et nous y serons très attentifs », prévient-il. L'USPO avertit les pouvoirs publics que la colère des pharmaciens pourrait être grande si le message n'est pas entendu. « Si l’assurance-maladie voulait faire sortir les pharmaciens dans la rue aux côtés des autres professionnels de santé de la ville et de l’hôpital, elle n’aurait pas pu mieux s’y prendre », conclut le syndicat.
De son côté, l'UNPF a également tenu à manifester son agacement. « Ce n’est pas en excluant arbitrairement le pharmacien du parcours de radiologie que s’établira le climat de confiance nécessaire pour construire un système de soins véritablement centré sur le patient. Cette ponction indue d’une part conséquente de nos revenus engagerait de la plus mauvaise des manières les travaux prévus en 2023 avec l’assurance-maladie autour de l’avenant économique à la convention pharmaceutique », regrette l'organisation présidée par Christophe Le Gall. Pour protester contre cette disposition, l'UNPF « appelle toutes les forces représentant la pharmacie d’officine en France à se liguer pour obtenir le retrait de cet amendement ou la compensation de ses conséquences économiques pour le réseau officinal ». Ajouté dans la plus grande discrétion, l'amendement surprise au PLFSS pour 2023 n'a pas fini de faire du bruit.
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