Le débat sur la communication des officines ne date pas d’hier. Mais à l’heure où les géants de la grande distribution multiplient les tentatives pour empiéter sur les compétences des officinaux, la profession souhaite diposer de nouvelles armes pour pouvoir rivaliser.
Dans le passé, certains groupements ont essayé de faire bouger les lignes. Giphar, PHR, ou encore Pharmavie ont ainsi tenté de s’adresser directement au grand public via d’ambitieuses campagnes de communication. Mais, à chaque fois, ils ont trouvé face à eux l’Ordre des pharmaciens qui n’a pas hésité à les poursuivre devant les tribunaux. Pourtant, l’instance n’a jamais caché qu’elle jugeait nécessaire de faire évoluer la réglementation en la matière, tout en respectant certains principes. Du tact et de la mesure.
Quelques batailles judiciaires plus tard, l’Ordre a donc décidé de régler une bonne fois pour toutes le problème de la publicité à l'officine. À la fin de l’année dernière, l’instance annonçait l’ouverture de ce vaste chantier. Elle invitait l’ensemble de la profession à y participer, via un questionnaire en ligne et une plateforme Internet pour les titulaires, et par le biais de contributions pour les syndicats, les groupements, les étudiants, ou encore les patients.
Respecter le réseau
Après la Chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies, Federgy, qui a rendu sa copie fin janvier (voir ci-dessous), c’est au tour de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) de rendre publique sa contribution. Celle-ci s’appuie sur les réponses de ses adhérents à un questionnaire élaboré par l’Ordre. Dans ce cadre, la FSPF rappelle que la réglementation en vigueur, certes restrictive, vise avant tout à protéger les patients, et qu’il ne lui paraît pas pertinent de l’assouplir outre mesure. Si tel était le cas, le syndicat craint pour le réseau. « Si le cadre restrictif existant venait à être libéralisé, seules les officines ayant d’importants moyens financiers pourraient diffuser des publicités », explique-t-il. Et d'ajouter : « La libéralisation des règles de publicité pourrait mener à une déstructuration du réseau au profit de ces enseignes ou des officines de taille importante, avec une probabilité élevée de marginalisation des petites officines au détriment de la desserte des populations en médicament. »
S'adapter aux nouvelles technologies
La FSPF s’inquiète également des conséquences d’une libéralisation des règles de publicité pour l’image du pharmacien. Et, par ricochet, pour le monopole. « Considérer le pharmacien, à ce jour détenteur d’un monopole en matière de dispensation des médicaments, sous la seule "casquette" de "commerçant", aura un effet défavorable pour l’image de la profession et risque de mener à l’ouverture du monopole », augure ainsi l’organisation présidée par Philippe Gaertner.
Le syndicat propose néanmoins des évolutions de la législation, notamment afin de coller aux nouveaux moyens de communication. Il préconise, par exemple, l’adoption d’une disposition contenant une liste limitative des éléments susceptibles de figurer sur la page de présentation d’une pharmacie sur Internet, cette liste devant être réservée aux éléments indispensables à la bonne information des patients. Il recommande également de modifier le code de la santé publique pour permettre une meilleure information des patients sur les activités spécialisées du pharmacien, à l’occasion de la consultation d’annuaires, électroniques ou non. Plus surprenant, les adhérents de la FSPF plaident en faveur d’un assouplissement des règles relatives à la fidélisation de la clientèle, tout en restant conforme à la dignité professionnelle. « À titre d’exemple, les cartes de fidélité pourraient être autorisées à la condition de ne porter que sur des produits de parapharmacie », illustrent-ils.
Ils proposent également d’autoriser le pharmacien, sous certaines conditions, à alerter son patient sur un vaccin à pratiquer ou une ordonnance à renouveler, par voie électronique ou SMS. « De telles informations délivrées par le pharmacien d’officine, professionnel de santé, pourraient contribuer à une meilleure observance par les patients de leur traitement », argumente la FSPF.
Enfin, les adhérents de la FSPF se disent également favorables à la diffusion de messages et de promotions sur les vitrines, à condition qu’ils ne concernent pas les médicaments. En revanche, ils se déclarent opposés aux communications en dehors de l’officine (bus, manifestations sportives…).
La balle est maintenant dans le camp de l’Ordre des pharmaciens dont la synthèse des réflexions est attendue pour la fin du mois de juin.
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