S’agissant de situations pour lesquelles une étiologie virale est attestée, et pour s’en tenir aux données du Centre national de référence sur les entérovirus (CHU de Dijon), les principaux groupes de virus responsables de GEA épidémiques sont :
- Des rotavirus humains, décrits il y a quarante ans par une virologue australienne, Ruth F. Bishop. Au sein des sept groupes antigéniques de cette famille (groupe A à groupe G), seules les espèces des groupes A, B et C infectent l’homme. Les virus du groupe A sont considérés comme les agents étiologiques majeurs des gastroentérites aiguës virales isolées affectant les enfants d’âge compris entre 6 mois et 2 ans. L’infection provoque, après une brève incubation (24 à 48 heures), des vomissements et une diarrhée parfois associés à de la fièvre. La guérison survient spontanément après 5 à 6 jours, sauf complication. L’infection par rotavirus demeure souvent inapparente chez l’adulte, alors que des manifestations cliniques s’observent dans plus de 60 % des cas chez l’enfant. Les rotavirus sont responsables d’environ 600 000 décès chaque année, principalement dans les pays en voie de développement, et le retentissement économique de l’infection reste élevé dans les pays développés.
- Des calicivirus, une famille regroupant plusieurs genres susceptibles d’induire des GEA. Les norovirus (Norwalk-Like Virus) constituent, dans les pays industrialisés, le deuxième en importance des agents étiologiques des GEA virales hivernales chez l’enfant. Contrairement aux rotavirus, ils sont avant tout connus comme les agents responsables de la majorité des gastroentérites épidémiques observées en collectivité. Les infections par norovirus se caractérisent par l’apparition brutale de vomissements souvent associés à des diarrhées, 24 à 48 heures après le contage, régressant sans séquelles en 1 à 3 jours chez un sujet immunocompétent. Ces GEA ne nécessitent généralement pas d’hospitalisation. La déshydratation constitue la complication la plus répandue chez l’enfant, le sujet âgé ou immunodéprimé : le décès par déshydratation reste exceptionnel. Les norovirus seraient à l’origine de 1,1 million d’hospitalisations et 218 000 décès/an chez les enfants âgés de moins de 5 ans dans les pays en voie de développement.
Structurellement proches des précédents car appartenant également à la famille des caliciviridés, les sapovirus (Sapporo-Like Virus) induisent des diarrhées bénignes.
- Des astrovirus, responsables de GEA bénignes chez l’enfant, la personne âgée ainsi que chez le sujet immunodéprimé. Elles se manifestent par des diarrhées sur 2 à 3 jours, des vomissements, de faibles douleurs abdominales, une fièvre peu élevée voire inexistante. Une déshydratation n’est qu’exceptionnellement observée. Les diarrhées à astrovirus nécessitent rarement une hospitalisation ou même une consultation.
- Des adénovirus, qui seraient responsables de 4 % à 8 % des GEA (les types 40 et 41 sont alors les plus fréquemment incriminés). La clinique évoque celles des infections digestives dues aux rotavirus mais la GEA à adénovirus reste toutefois plus bénigne : ces virus sont avant tout responsables chez les enfants âgés de moins de 2 ans d’épisodes digestifs suivant une incubation de 8 à 10 jours, accompagnés par de la fièvre, des vomissements et des diarrhées pendant 6 à 8 jours. Ces symptômes peuvent toutefois perdurer plus longtemps et il n’est pas rare que l’infection s’étale sur 10 à 12 jours.
- D’autres virus sont également des agents étiologiques possibles de GEA : entérovirus divers, virus de l’hépatite A (VHA), torovirus, coronavirus, etc.
Les rotavirus des groupes A et C, les calicivirus humains, les astrovirus et les adénovirus 40 et 41 sont retrouvés dans environ 40 % des cas de GEA vues en médecine générale. Les calicivirus sont, à eux seuls, isolés dans près de 20 % des cas (dont 85 % de norovirus) et les rotavirus A dans 17 % des cas.
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