Les pharmaciens retraités avertissent leurs confrères encore en activité sur les écueils d’un régime universel par points.
« Non, un euro cotisé ne donnera pas les mêmes droits à tous ! » Claude Le Reste, président de l’Association nationale des pharmaciens retraités (ANPR), ne craint pas de contredire le président de la République. Car les projections qu’a effectuées son association prouvent tout à fait le contraire. Les professionnels libéraux seront même les grands perdants de cette réforme, estime l'ANPR.
Au-delà de la disparition de leur régime autonome, les futurs pharmaciens retraités, et même ceux dont les retraites sont déjà liquidées, risquent fort de subir, en effet, une dévaluation drastique de leur retraite. La raison en est simple : le pharmacien en tant que travailleur non salarié ne sera pas traité à la même enseigne que les salariés. Claude Le Reste en fait la démonstration : pour un travailleur salarié, le rendement, c’est-à-dire le rapport entre la valeur des droits acquis et la cotisation globale, sera de 4,95 % quels que soient ses revenus. Ce calcul est réalisé à l’âge d’équilibre, soit 64 ans en 2025 sur la base du rendement indicatif du régime universel (RU) comme l’expose le rapport Delevoye (page 18) : « le rendement d’équilibre du système, c’est-à-dire le rapport entre la valeur de service et la valeur d’acquisition des points, serait fixé à 5,5 %. Concrètement, cela signifie que 100 € cotisés garantiront le versement de 5,50 € de retraite par an, pendant toute la durée de la retraite. » Les salariés pourront donc compter sur un rendement linéaire.
Il en est tout autrement pour les libéraux, dont les pharmaciens d’officine, poursuit le président de l’ANPR. Ils verront leur taux de rendement s’infléchir à 4,75 % pour un revenu de 80 000 euros (2 PASS) et même à 4,64 % pour un revenu de 120 000 euros (3 PASS). Par conséquent, un euro cotisé ne donnera pas les mêmes droits. Face à ce danger qui guette les titulaires et face à bien d’autres leurres de la réforme, l’ANPR tient à alerter la profession. Alors que le projet de loi sera présenté vendredi au conseil des ministres, les pharmaciens retraités estiment, « en toute indépendance », qu’il est grand temps de mobiliser l’ensemble des confrères contre cette réforme « de tous les dangers ».
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