Le bilan de la rougeole en France entre 2011 et 2018 n'est pas glorieux. Avec une couverture vaccinale en deçà des recommandations, Santé publique France évalue à 10 000 le nombre de cas survenus sur cette période, dont 4 décès. En remontant aux cas répertoriés à partir d'octobre 2008, elle compte 23 décès dus à la rougeole.
Le constat est amer. Après une épidémie majeure de rougeole entre 2008 et 2011 de plus de 22 000 cas (qui suivait une période de quasi-élimination de la maladie), la pathologie est devenue à déclaration obligatoire au 1er octobre 2011. Depuis cette date et jusqu'au 30 septembre 2018, Santé publique France comptabilise plus de 6 000 cas déclarés, dont elle a retenu 5 311 cas pour analyse. Estimant une forte sous-déclaration, l'agence évalue à 10 000 le nombre de cas survenus en France sur ce laps de temps. Elle souligne une alternance de vagues épidémiques et de moments d'accalmie qui devraient se poursuivre. Des pics ont en effet été observés en 2011-2012 (1 062 cas) et 2017-2018 (2 807 cas), alors qu'entre ces deux périodes le nombre de cas était compris entre 275 et 437.
Comme lors de l'épidémie de 2008 à 2011, où la France a été le pays européen le plus touché, le bilan 2011-2018 pointe la forte incidence chez les enfants de moins d’un an, trop jeunes pour être vaccinés et ne pouvant compter que sur une couverture vaccinale générale efficace pour être protégés. Il note un âge moyen des cas d'infection à 16 ans et un âge médian de 15 ans (avec pour extrêmes 1 an et 92 ans). Sur les 5 311 cas retenus pour analyse, 1 279 (24 %) ont nécessité une hospitalisation, dont 244 pour pneumonie et 13 pour encéphalite, quatre personnes âgées de 16 à 32 ans sont décédées. En y ajoutant les décès enregistrés lors de l'épidémie de 2008-2011, le total est de 23 personnes décédées de la rougeole en 10 ans en France.
« La persistance de la circulation du virus de la rougeole dans la population était attendue, en raison de la couverture vaccinale insuffisante et des résultats d'une enquête de séroprévalence menée en 2013 dans la population des jeunes adultes donneurs de sang, qui montrait que 9 % d'entre eux étaient toujours réceptifs vis-à-vis de la rougeole », indiquent les auteurs de cette étude parue dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » hier. Parmi les malades âgés de plus de 1 an et nés depuis 1980 dont le statut vaccinal a été vérifié, 86,7 % n'étaient pas correctement vaccinés : 69,1 % non vaccinés, 17,6 % ayant reçu une dose vaccinale. Face à l'urgence de la situation, Santé publique France compte sur les retombées de la vaccination pédiatrique obligatoire à 11 valences depuis le 1er janvier 2018, « pour protéger directement les sujets vaccinés mais également éviter la contamination des personnes vulnérables (...) à travers une immunité de groupe, en particulier les personnes ne pouvant bénéficier de la vaccination », comme les bébés de moins d'1 an.
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