Côté face, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018 semble inédit. En effet, pour la première fois depuis 17 ans, le budget présenté par le gouvernement doit permettre au régime général de renouer avec l'équilibre dès l'année prochaine. Il afficherait même un excédent d'1,2 milliard d'euros (contre un déficit d'1,6 milliard en 2017). Même la branche maladie verrait son déficit se réduire de façon spectaculaire à 800 millions d'euros contre 4,1 milliards cette année.
Côté pile, le cru 2018 du PLFSS n’a rien d'exceptionnel. Il s’inscrit dans la lignée des budgets précédents, misant avant tout sur le poste Médicament pour redresser les comptes. Une fois de plus, « on demande à un secteur qui ne représente que 16 % des dépenses de réaliser 37,5 % des économies », déplore Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Les efforts demandés au médicament sont importants. Sur les 4,165 milliards d’euros d’économies envisagées pour l’assurance-maladie, plus d’1,5 milliard d’euros repose sur ce poste (voir tableau ci-contre). Devant la Commission des comptes de la Sécurité sociale, le vice-président de la FSPF, Philippe Besset, a indiqué au gouvernement qu’« à la suite de la signature de la convention pharmaceutique entre l’UNCAM (1), l’UNOCAM (2) et un syndicat minoritaire, force est de constater que l’effort demandé sur les médicaments dans le PLFSS, par ses effets sur la marge, continuera à dégrader le service pharmaceutique par réduction des moyens ».
Rien de nouveau
« Il n’y a rien de nouveau », regrette également Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), soulignant que les économies attendues sur le médicament sont supérieures à celles de l’an passé. « L’année dernière, le PLFSS prévoyait 1,430 milliard d’économies sur les produits de santé, rappelle-t-il. Pour 2018, 60 millions d’euros de plus sont demandés. » À cela, il faut ajouter les mesures de maîtrise médicalisée et une nouvelle ligne intitulée « Pertinence et gestion dynamique du panier de soins » pour un montant d’économies de 180 millions d’euros. Une ligne qui inquiète le président de l’USPO, car il pourrait s’agir, selon lui, de déremboursements.
Quelles seront les conséquences pour l’économie des officines ? « Tant que l’on ne sait pas quels médicaments seront concernés par les baisses de prix, il est impossible de définir précisément l’impact sur l’officine », répond Gilles Bonnefond, espérant que les spécialités visées seront plutôt celles dispensées à l’hôpital. Quoi qu’il en soit, « les baisses de prix s’accélèrent et il ne fallait pas rater l’année 2018 pour changer le modèle de rémunération des pharmaciens », souligne-t-il, justifiant ainsi sa signature en juillet de l’avenant conventionnel n° 11. « Il y avait urgence à changer les règles, estime le président de l’USPO. Ce PLFSS est inquiétant. La réforme de la rémunération va permettre d’amortir, en partie, ses effets en 2018 », en attendant que les nouveaux honoraires arrivent, en 2019 et 2020.
Le compte n'y est pas
« L’avenant n° 11 est insuffisant pour compenser les baisses de prix sur 2018 », affirme pour sa part Philippe Besset. Certes, reconnaît-il, sans ce texte la perte aurait été bien supérieure. Mais il n’en démord pas, le compte n’y est pas. « Les prix des génériques vont baisser à hauteur de 340 millions d’euros, ce qui va nous impacter très très fort », explique le vice-président de la FSPF. Pour les autres médicaments, cela dépend des choix du Comité économique des produits de santé (CEPS) et l’estimation est donc, pour l’heure, difficile à réaliser. Toutefois, Philippe Besset évalue l’impact négatif sur la marge de 130 à 150 millions d’euros. Cependant, l’arrivée en ville de nouveaux produits plus chers pour remplacer les anciens devrait avoir un effet positif sur la marge entre 30 et 50 millions d’euros, auxquels il faut ajouter les 70 millions d’euros liés à l’application d’un nouveau taux de 11 % sur la première tranche de la MDL. « Au total, la perte de marge sera de 30 à 50 millions d’euros », craint le vice-président de la FSPF qui demande par ailleurs au gouvernement de faire rapidement paraître les textes qui permettraient à l’officine de participer au développement des biosimilaires.
(1) Union nationale des caisses d’assurance-maladie.
(2) Union nationale des organismes d'assurance maladie complémentaire.
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