Si le pharmacien reste le référent pour le médicament, il est aujourd'hui plébiscité pour accompagner plus largement la population. Celle qui vieillit, celle qui souffre d'une maladie chronique, celle qui veut conserver sa bonne santé… Selon une enquête Call Medi Call pour le Quotidien du pharmacien réalisée au cours de l'été 2016, les services aux patients et l'automédication apparaissent comme les principaux leviers de croissance pour l'officine (respectivement 27,9 % et 26,9 %).
Un coup de pouce à l'économie officinale, rien de plus ?
PDA (préparation des doses à administrer), vaccination, dépistage et diagnostic rapide, portage des médicaments, suivi des sorties hospitalières… les services rassemblent un vaste ensemble de prestations, dont beaucoup restent à créer. « Il y a 10 ans, j'expliquais à tout le monde que nous devions nous engager dans de nouvelles missions pour dégager de la croissance alors que le secteur du médicament était en perte de vitesse. Cela ne signifie pas que l'un remplace l'autre », explique Gilles Bonnefond. Pour le président de l'USPO, les prestations et services constituent une option raisonnable pour raviver l'économie officinale, complémentaire mais pas exclusive : « c'est un facteur de développement parce qu'il s'agit d'une solution utile, demandée par les patients, et pérenne économiquement. Tous ces services se justifient aujourd'hui et se justifieront demain. Et dans chaque cas, le pharmacien est compétent et se positionne comme le professionnel le plus approprié ».
Formation, protocole : la culture officinale s'enrichit
Même enthousiasme du côté de l'Ordre des pharmaciens dont l'intervention récente en faveur de la vaccination a précipité le lancement d'une expérimentation française. « La Loi HPST a accentué le rôle du pharmacien comme professionnel de premier recours. Si le pharmacien a toujours été reconnu pour son rôle social, on s'aperçoit que plus il s'implique selon une procédure protocolisée, plus la population et l'environnement médical prennent conscience de la position incontournable de l'officinal », commente Marcelline Grillon, présidente du conseil régional de l'Ordre des pharmaciens en région Centre. On l'a vu avec les entretiens pharmaceutiques, qui ont montré la faisabilité de la démarche d'accompagnement par le pharmacien, et la capacité de la profession à s'engager. « Dans le cadre des entretiens pharmaceutiques, on a défini un déroulé précis et commun, assorti d'une formation adaptée. Ces entretiens ont aussi introduit le principe de traçabilité de l'intervention du pharmacien », ajoute l'ordinale. « Le pharmacien existera de plus en plus à travers la valeur ajoutée qu'il apporte à la dispensation. Le développement du service en complément de l'acte pharmaceutique devient prioritaire pour répondre aux exigences des patients », estime Christian Grenier, président de Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies.
Et cette mutation se voit. « Regardez les progrès sur l'espace de confidentialité. Il y a seulement 10 ans, on en parlait peu ou pas. Aujourd'hui, il n'y a plus un dossier de transfert sans un ou deux espaces dédiés à l'accompagnement des patients », indique Marcelline Grillon. Physiquement, la pharmacie est prête pour accueillir l'ensemble des nouveaux services et prestations.
Le nerf de la guerre : la rémunération coince
Les patients sont prêts. Les pharmaciens aussi. Mais qui doit payer ? « Dans la plupart des situations, nous arrivons à une impasse du fait de la non-publication des textes réglementaires. Pour la PDA, on attend les bonnes pratiques. Pour la prestation de service telle que définie dans le code de la Santé publique, on attend des décrets d'application », soulève Gilles Bonnefond pour lequel l'absence de garanties et d'engagement sur la pratique de ces services compromet les négociations avec l'Assurance maladie. « Il faut absolument que l'administration sorte les décrets nécessaires pour que le temps passé soit rémunéré ». Une situation de blocage qui sera au cœur des négociations pour la prochaine Convention pharmaceutique. Dans sa lettre de cadrage, Marisol Touraine a demandé au directeur général de l'Assurance maladie de mieux prendre en compte les missions des pharmaciens dans l'accompagnement des patients. Comment cette prise en compte se traduira-t-elle en terme financier ? En attendant, certains pharmaciens refusent l'immobilisme et choisissent d'avancer, laissant la problématique de la rémunération au second plan. « Si un collaborateur souhaite développer une nouvelle prestation à l'officine et demande une augmentation de salaire pour cela, le titulaire va d'abord lui demander de faire ses preuves. Pour moi, l'implication du pharmacien dans les nouveaux services aux patients suit la même logique. Pour négocier une rémunération, il faut démontrer l'intérêt de cette démarche », soutient Béatrice Clairaz, titulaire à Châtenay-Malabry et membre de l'URPS Ile-de-France. Pour Christian Grenier, « le fait d'être précurseur peut être un atout pour les négociations futures ». Le président de Federgy ne cache pas son optimisme, quant à l'accentuation du rôle du pharmacien dans le parcours de soins : « L'environnement n'a jamais été aussi favorable. On a une véritable autoroute pour dessiner l'avenir des officinaux. À nous d'accompagner cette mutation et de saisir notre chance ».
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