En dépit d’une inflexion des indicateurs de valorisation (ratio EBE et ratio sur le chiffre d’affaires), la valeur des fonds a progressé de 2,5 % en moyenne en 2023. Une dynamique qui ne se dément pas pour la deuxième année consécutive. En 2022, en effet, les prix avaient connu un regain avec une hausse de 8,2 %. Il est vrai que le marché revenait de loin avec une chute de 1,8 % des prix pendant les années de pandémie 2020-2021.
Comme le remarque CMV Médiforce (BNP Paribas Leasing) dans sa 4e étude, cette évolution, en valeur absolue, du prix moyen de cession à 1,8 million d’euros s’inscrit pourtant dans un contexte plutôt défavorable. Elle peut même apparaître paradoxale compte tenu de la forte hausse des taux d’intérêt qui a renchéri le crédit. De même, la hausse du chiffre d’affaires principalement due à la vente de médicaments chers mais peu margés, devrait affecter la valorisation des fonds. Sans compter que les effets de l’inflation sur les charges externes telle que l’énergie et la hausse de 2 % des salaires sur les deux dernières années entament la rentabilité des officines. Toutefois, face à ces facteurs négatifs, le marché affiche une santé insolente : 1 officine sur 2 est valorisée en dessus de 80 % du chiffre d’affaires et une officine sur dix se cède à plus de 100 % de son chiffre d’affaires.
La dynamique perdure début 2024
Une officine sur quatre changera de titulaire dans les cinq ans à venir
Des disparités régionales subsistent néanmoins. Ainsi, l’Île-de-France est la seule région où la valorisation retenant le ratio sur le chiffre d’affaires continue de grimper (+ 2 points). Mais c’est la façade côtière, notamment la Nouvelle-Aquitaine, qui connaît les prix de cession les plus élevés. « L’Île-de-France et les côtes du sud-ouest et du sud-est continuent d’être très attractives suivant les transferts de population. Une tendance générale que l’on observe également sur le marché de l’immobilier, par exemple », relève Ludivine Almeida, directrice de CMV Médiforce. Les deux premiers mois de 2024 semblent lancés sur la même dynamique. La vitalité du marché devrait même s’accroître si l’on en croit CMV Médiforce qui pointe un renouvellement démographique dans les cinq prochaines années. « L’âge moyen des titulaires et les départs à la retraite qui se profilent nous font estimer à environ 25 % la part du réseau qui changera de mains d’ici à cinq ans », poursuit Ludivine Almeida.
Cette déferlante attendue sur le marché des cessions va-t-elle infléchir les prix ? Ludivine Almeida se refuse à ne retenir que le seul facteur offres/demandes. « La valorisation d’un fonds d’officine est beaucoup plus complexe car de nombreux paramètres interviennent. » Elle ajoute qu’un facteur externe pourrait être favorable au marché dans l’immédiat. Il s’agit de la possibilité d’amortir le fonds de commerce sur 10 ans, offerte aux repreneurs jusqu’au 31 décembre 2025. Une mesure qui pourrait constituer, du point de vue comptable, un facteur incitatif à la reprise d’un fonds.
Des titulaires ayant profité de l’effet Covid pour dégager de la trésorerie peuvent investir sur une durée de cinq ou sept ans dans des officines.
Planche de salut
Sur le marché bancaire, l’anticipation d’une baisse future des taux d’intérêt ne peut être qu’une bonne nouvelle pour le marché des cessions. « Avec une renégociation possible des crédits, accompagnée d’une plus grande financiarisation de la profession (obligations convertibles) », expose la directrice de CMV Médiforce. Elle reste convaincue que le marché français, à la différence de son homologue britannique, dispose de garde-fous suffisants pour éviter les dérives d’une financiarisation à outrance. Ludivine Almeida en veut pour preuve le statut des cliniques vétérinaires sur lequel le Conseil d’État s’est prononcé*, ou encore « la situation des cabinets dentaires d’Île-de-France scrupuleusement surveillée par l’ARS ».
Elle veut voir davantage dans cette financiarisation une opportunité pour des candidats à l’installation de disposer d’un appui pour acquérir une officine sur un marché à la hausse. Et à développer cette officine, y compris dans certaines zones difficiles, grâce à des investissements « dans l’automatisation qui permet de libérer du temps de comptoir au personnel, un robot coûtant 100 000 euros et une machine d’étiquetage 90 000 euros ». Cette financiarisation représente, selon elle, une planche de salut pour les officines en difficulté. Alors que, parallèlement, « des titulaires ayant profité de l’effet Covid pour dégager de la trésorerie peuvent investir sur une durée de cinq ou sept ans dans des officines de confrères ». Ludivine Almeida se veut résolument optimiste pour le marché, analysant dans les 300 fermetures d’officine en 2023, plus un effet de regroupement que des fermetures sèches. « Du fait de la pression sur les marges, on assiste à la consolidation du secteur où les officines à faible chiffre d’affaires se regroupent pour faire des économies d’échelle », observe-t-elle.
* En juillet 2023, le Conseil d’État estime que les cliniques vétérinaires doivent être contrôlées par des professionnels et non des investisseurs.
Certains pharmaciens vont être gagnants aux Jeux Olympiques de Paris. C’est ce qu’analyse l’étude CMV Médiforce qui décèle « un effet d’aubaine certain » sur les officines parisiennes situées à proximité des sites des Jeux Olympiques (JO). Pour répondre à l’accroissement de la demande entre le 26 juillet et le 11 août, elles auront 30 % de stock supplémentaire à financer en moyenne, selon les estimations. Pour faire face à cet aléa, BNP Paribas Leasing dispose d’un dispositif dénommé « crédit trésorerie ». Comme l’expose Ludivine Almeida, directrice de CMV Médiforce, « il nous est possible de débloquer, sous 48 heures, jusqu’à 60 000 euros sans justificatif afin d’aider le pharmacien à augmenter ponctuellement son stock ».
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