Dans les pharmacies québécoises, les honoraires de dispensation pour délivrance de médicaments onéreux flambent. Ces surfacturations, qui atteignent parfois plus de 100 000 euros par an et par patient ne concernent toutefois que les assurés privés. Explications.
Au Québec, deux systèmes de prise en charge des soins cohabitent. La Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ), organisme public, et les assureurs privés, représentés par l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes (ACCAP).
Comme en France, les pharmaciens bénéficient, outre la marge commerciale sur le médicament, d'honoraires de dispensation. Ces honoraires sont fixes pour les patients du public, mais librement définis par les pharmaciens pour les assurés du privé. Résultat ? Les honoraires moyens des officinaux sont d'environ 9 $ canadiens pour l'assuré au régime public contre 18 $ canadiens (12 euros) pour l'assuré privé. Un écart qui va croissant jusqu'à créer une distorsion jugée insupportable par certains.
Sur les délivrances de traitements particulièrement coûteux, la dernière enquête menée par l'ACCAP a ainsi relevé des honoraires pharmaciens annuels allant jusqu'à 140 000 $ canadiens (96 000 euros) pour délivrance de Procysbi (traitement de l'insuffisance rénale) et même 160 000 $ canadiens (109 000 euros) lors de la dispensation de Trikafta (traitement de la fibrose). Pointés du doigt, ces honoraires jugés excessifs sont le fruit d'un système de financement qui entretient, voire amplifie cette distorsion dans le coût des soins. Alors que les assureurs privés sont contraints de rembourser tous les médicaments couverts pas le régime public, ils n'ont aucun contrôle sur les honoraires des pharmaciens, tandis que la RAMQ négocie des honoraires fixes. En outre, plus le régime public négocie serré, plus les officinaux se « rattrapent », en toute légalité, côté privé… À moins d'aligner les honoraires privés et publics, le phénomène n'est pas près de s'éteindre. Autre solution envisagée par les détracteurs de ces honoraires gonflés : permettre aux assureurs privés de négocier des ententes avec les pharmaciens, comme cela se fait ailleurs au Canada (en Ontario par exemple). Pour l'heure, aucun de ces pistes n'est sérieusement à l'étude.
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