« Le commerçant le mieux payé de France… »

L’émission de M6 qui révolte les pharmaciens

Publié le 28/01/2016

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Un reportage faisant le parallèle entre grande distribution et pharmacies d’officine provoque le ras-le-bol de la profession.

Un reportage qui passe mal
Crédit photo : DR

Présentée dimanche dernier, en deuxième partie de l’émission « Capital » sur M6 dédiée aux « grands secrets des petits commerces », une enquête intitulée « Pharmacien, le commerçant le mieux payé de France » suscite l’indignation de la profession. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) se dit « révoltée de l’image de la pharmacie d’officine véhiculée par Capital » et une pétition de pharmaciens contre la chaîne a été lancée.

Cette émission décrit en trente minutes comment ce commerce de proximité est aujourd’hui obligé de se réinventer pour contrer la baisse de la marge. Quitte à adopter les méthodes de la grande distribution. L’enquête débute sur le drive de Luc Seigneur, titulaire à Troyes et fondateur du groupe Totum, qui fonde son modèle économique sur le low cost.

Ceci est présenté comme une stratégie de riposte à Michel-Edouard Leclerc qui apparaît à l’écran pendant quatre minutes, pour répéter à l’envi l’injustice faite aux pharmaciens de ses parapharmacies de ne pouvoir vendre de médicaments. Le président de l’enseigne éponyme qui égratigne au passage l’Ordre des pharmaciens, reconnaît ne plus pouvoir acheter lui-même ses médicaments en pharmacie. Il dit y envoyer « sa secrétaire, sa compagne ou ses enfants ».

Pétition

Pour illustrer les « défenses immunitaires des petits pharmaciens », l’émission choisit de suivre un titulaire de Batz-sur-Mer qui joue son rôle de conseil tout en développant son rayon para grâce à des formations Ospharm. Lucien Bennatan, président du groupe PHR, lui succède dans « sa pharmacie du bonheur » où il expose son modèle d’officine connectée et les moyens de dégager une nouvelle marge. Enfin, la plateforme 1 001 pharmacies clôture l’émission sur ce qui est présenté comme l’une des dernières mutations de la pharmacie, la vente en ligne.

Une façon de présenter la pharmacie d’aujourd’hui qui est loin de faire l’unanimité dans la profession. « Capital a choisi de se focaliser sur 20 % de l’activité des pharmacies en occultant le cœur même du métier de pharmacien qui occupe 80 % de son activité et de ses équipes », dénonce Gilles Bonnefond. Il n’est pas le seul à protester contre cette « présentation caricaturale » des pharmaciens.

Moins de vingt-quatre heures après la diffusion de l’émission, des dizaines d’internautes réagissaient sur le site du quotidiendupharmacien.fr, et une pétition en ligne ne comptait pas moins d’un millier de signataires qui demandent - entre autres - à Marisol Touraine, ministre de la Santé, de prendre des mesures « pour que M6 arrête de prendre les pharmaciens pour des con (merçants) ! ».

Marie Bonte