Face à un marché peu dynamique, voire en involution à paramètres constants, les 25 entreprises membres du GEMME dévoilent leurs propositions. Outre un appel à réduire les baisses massives de prix, c’est surtout par l’incitation des médecins et des patients, ainsi que des pharmaciens, que l’association souhaite agir. « En France, il y a encore des médecins et des patients qui se montrent sceptiques concernant le générique, alors que dans les pays voisins ce n’est plus un problème depuis longtemps », souligne Stéphane Joly, président du GEMME. Cette particularité française a poussé le gouvernement à fixer d’ambitieux objectifs dans la stratégie nationale de santé : 50 % de prescription dans le répertoire en 2019 et 80 % de pénétration des biosimilaires dans leur marché de référence d’ici à 2022. Mais « l’évolution du marché n’est pas en phase avec l’ampleur des défis à relever », notamment parce que « depuis 2013, la croissance en volume s’est fortement atténuée ». L’année 2018 ne déroge pas à la règle avec une croissance limitée à 1,6 % malgré les chutes de brevets. Les génériques ne représentent que 37 % du marché des médicaments remboursables, que le GEMME ne peut s’empêcher de comparer aux 80 % du marché allemand ou aux 70 % des Anglais.
Non seulement la situation est bloquée, mais le secteur subit les baisses de prix importantes qui touchent chaque année l’ensemble de l’industrie pharmaceutique. « Le médicament générique est sous-utilisé en France malgré la très forte implication des pharmaciens puisque leur taux de substitution atteint les 80,9 %. Le problème c’est que les prescriptions dans le répertoire sont de près de 46 %, il y a donc plus de 54 % de prescriptions hors périmètre concurrentiel. On devrait avoir une amélioration grâce à l’élargissement du répertoire aux médicaments hybrides et aux anti-asthmatiques mais il reste essentiel d’impliquer les médecins », ajoute le président du GEMME. Car 1 % de prescription supplémentaire dans le répertoire génère 80 millions d’euros d’économie.
Légitimité
Les incitations actuelles ne sont pas assez efficaces. Pour Pascal Brière, vice-président des affaires économiques du GEMME, il faut que les médecins qui prescrivent massivement dans le répertoire et qui atteignent un objectif à fixer à l’avance, soient « davantage rémunérés a posteriori ». Plus précisément, un projet présenté par le GEMME à l’assurance-maladie propose de majorer de 1 euro à 1,50 euro la consultation des médecins impliqués. « On ne peut présager de rien mais l’accueil a été plutôt favorable », note Stéphane Joly. L’association milite également pour un honoraire spécifique sur l’objectif de prescription pour les médecins et de substitution pour les pharmaciens, concernant les spécialités complexes. « Car les futures échéances de brevet concernent des spécialités extrêmement complexes, à prix élevé et à petit volume, beaucoup plus difficiles à substituer », ajoute Pascal Brière. Enfin côté patients, les génériqueurs proposent d’instaurer une franchise plus faible pour les médicaments inscrits au répertoire et pour les génériques. Un levier sur lequel le GEMME compte beaucoup « à une époque où chaque petite dépense impacte fortement les Français ».
Si le GEMME salue les mesures prises par le gouvernement dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2019, à savoir l’obligation de justification des médecins à chaque utilisation de la mention non substituable (NS) et le reste à charge pour les patients refusant la substitution générique sans justification médicale, l'association avoue une certaine insatisfaction. D’abord parce que ces mesures ne s’attaquent pas à la prescription hors répertoire, qu'elle considère comme primordial. Ensuite parce qu’elle craint que les médecins, pour éviter toute justification à la mention NS, choisissent des alternatives hors répertoire. Enfin parce qu’elle se demande comment les laboratoires princeps vont réagir et évoque le scénario d’un alignement des prix entre princeps et génériques. « Il faut faire attention à ne pas se retrouver dans une situation où le générique perdrait sa légitimité », prévient Pascal Brière.
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