EN DIX ANS, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’est installée progressivement dans le paysage syndical pharmaceutique. Créée en 2001 à la suite d’une scission avec la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’USPO n’a été déclarée représentative des pharmaciens titulaires d’officine qu’en 2005, au terme d’une enquête qui aura duré plus de deux ans.
Aujourd’hui, l’organisation présidée par Patrice Devillers fête donc ses cinq ans de représentativité. L’occasion pour le syndicat de dresser un bilan de son action. Un bilan positif aux yeux de son président délégué, Gilles Bonnefond. L’augmentation à 3 500 du quota requis pour l’ouverture d’une seconde officine, l’accord générique pour empêcher la généralisation des TFR, l’amélioration des conditions commerciales, la facturation du vaccin antigrippe sans prescription médicale, ou encore l’exonération des plus values lors d’un départ à la retraite représentent autant de victoires pour la profession à mettre au crédit de l’USPO, affirme-t-il ainsi.
300 millions d’euros pour le réseau.
Mais celui-ci ne compte pas s’en tenir là et de nouveaux combats se présentent déjà. À commencer par ceux destinés à sauver l’économie de l’officine. « On a largement dépassé la cote d’alerte », s’inquiète Gilles Bonnefond qui réclame une nouvelle fois l’arrêt des grands conditionnements. Selon lui, les emballages trimestriels coûtent à l’officine, pas moins de 100 millions d’euros de perte de marge chaque année. Il plaide aussi pour la mise en place d’une rémunération mixte et conditionne la revalorisation du dispositif de la MDL* actuelle à l’injection de 300 millions d’euros de marge dans le réseau. « On ne peut pas se contenter d’une modification de la MDL », explique en effet Gilles Bonnefond. « La révision de la marge des officines ne peut se faire à périmètre constant, poursuit-il. Dans le cas contraire, nous aggraverions la situation de plus de la moitié des officines pour que d’autres accèdent à une revalorisation. »
« La technique de déshabiller Pierre pour habiller Paul ne peut se concevoir que dans un contexte de croissance qui gommerait cet effet rapidement, mais nous ne sommes pas dans cette situation actuellement », précise le président délégué de l’USPO.
Préserver les marchés de l’officine.
Les 300 millions d’euros supplémentaires demandés par l’USPO pourraient, en partie, provenir du fonds d’intervention pour la qualité et la coordination des soins (FIQCS) et serviraient à financer des nouvelles missions, comme celles de pharmacien correspondant ou les opérations de dépistage et de prévention. Ils permettraient aussi de remettre à flot l’économie du réseau dont la marge a chuté de 1,64 % en quatre ans. « Il y a urgence, répète Gilles Bonnefond, car, en ce moment, une officine par semaine ferme ses portes ».
Dans ce contexte difficile, ce dernier prévient : « On ne peut pas perdre des marchés ». Aussi pour lui, la possibilité offerte aux groupements de coopération sanitaire et sociale de créer des pharmacies à usage intérieur (PUI) pour plusieurs maisons de retraite représente une menace. « Je demande que cette possibilité soit écartée, insiste Gilles Bonnefond. Sinon, on met la profession en danger, notamment les officines rurales pour lesquelles la fourniture des médicaments aux EHPAD représente parfois 20 % du chiffre d’affaires. » Si on leur retire ce marché, il y a de grande chance qu’elles mettent la clé sous la porte. Sans aller jusque-là, ce serait un mauvais coup supplémentaire pour les confrères qui voient déjà le marché vétérinaire leur échapper. En effet, s’inquiète Gilles Bonnefond, de mauvaises habitudes perdurent : les vétérinaires captent les ordonnances, ne laissant pas le choix de leurs fournisseurs aux éleveurs. Résultat, les pharmaciens délivrent de moins en moins de médicaments pour les animaux.
Le président délégué de l’USPO demande aux pouvoirs publics de bien mesurer la portée des dispositions qu’ils pourraient prendre prochainement. « Ne faites pas renoncer la profession alors que les patients ont besoin des évolutions en cours », conclut-il.
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