Témoin de la chronicité galopante de certaines pathologies, plus d’un tiers des assurés du régime général suivent aujourd’hui des soins et un traitement médicamenteux au long cours (plus de trois délivrances par an).
En incluant les maternités, les hospitalisations ainsi que certains traitements antalgiques ou anti-inflammatoires chroniques, ce sont 26 millions de personnes (45 % des assurés) qui bénéficient de façon systématique du remboursement de leurs soins.
Le poids des maladies mentales
Phénomène déjà identifié les années précédentes, la prise en charge des maladies psychiatriques et les dépenses en psychotropes pèsent de plus en plus lourd et constituent, avec 19,3 milliards d’euros, le deuxième poste de dépenses après les hospitalisations ponctuelles.
Cette prise en charge représente même l’une des plus fortes croissances des dépenses de santé entre 2012 et 2015 : sur une hausse globale des remboursements de 10,2 milliards d’euros, 1,57 milliard était imputable aux maladies psychiatriques et aux psychotropes. Elle se traduit pour près de 5,5 millions d’assurés par une prescription de psychotropes, principalement chez les femmes de plus de 74 ans. Cette cohorte de patients n’est devancée que par les 7,5 millions exposés au risque vasculaire.
L’assurance-maladie, à l’origine de cette cartographie des pathologies et des dépenses sur la base des soins remboursés en 2015, indique toutefois que, ramené aux coûts annuels par patient, les cancers « actifs » arrivent en tête. Reflet de l’innovation en cancérologie, ces prises en charge sont passées de 11 288 euros à 12 035 euros par patient et par an, soit près de dix fois le coût des maladies respiratoires chroniques ou le risque vasculaire, ou encore six fois plus que le diabète, des pathologies pour lesquelles certains leviers régulateurs, notamment les ROSP, portent leurs fruits.
Autre témoin de l’évolution des pratiques médicales : sur une enveloppe globale de la prise en charge d’une maladie coronaire chronique (angine de poitrine, par exemple) en baisse de 8 %, la facture du médicament s’est réduite de 25,8 % entre 2012 et 2015 !
Recul du risque vasculaire
L’assurance-maladie va même plus loin dans son analyse des évolutions des dépenses remboursées. Elle affine en effet son approche en distinguant au sein de l'évolution des dépenses, la part imputable aux effectifs de patients concernés et celle revenant au coût moyen du traitement.
Une mise en perspective riche d’enseignements. Ainsi pour l’insuffisance rénale chronique terminale, en dépit de la réduction de 0,7 % du coût moyen du traitement, les remboursements de l’assurance-maladie ont augmenté de 3,1 % entre 2012 et 2015 en raison d’une hausse de 3,8 % du nombre de patients traités.
À l’inverse, la légère diminution (0,5 %) du nombre de patients concernés n’aura eu aucun impact sur le poste des dépenses relatives à la prise en charge des maladies psychiatriques qui ont augmenté de 2,3 % en raison d’une hausse de 2,8 % du coût des traitements.
Dernier exemple, le poste des traitements du risque vasculaire s’est réduit de 2,1 % grâce à la conjonction de la baisse des prix et du nombre de patients, de 1 % dans les deux cas. L’observation de ces données épidémiologiques croisées avec les extrapolations des fréquences des pathologies et les projections démographiques de l’INSEE permet à la CNAMTS d’émettre des hypothèses sur l’évolution des postes de dépenses d’ici à 2020.
L’effet démographique du diabète
D’après ces projections, il faut s’attendre, en termes d’effectifs de patients, à une flambée des maladies inflammatoires (type MICI), des maladies rares ou du VIH, qui augmenteront de 20 % pour toucher 1,34 million de personnes dans trois ans. Ce phénomène s’explique pour l'essentiel par une évolution épidémiologique. Tout comme dans les maladies psychiatriques dont la hausse prévisible de 11 % résultera aux deux tiers de ce même effet.
Il en va, en revanche, autrement pour les maladies cardio-neurovasculaires et pour le diabète où la croissance des effectifs relève essentiellement d’un effet démographique (66 % et 63 %). En effet, les populations exposées en raison de leurs structures d’âge et du profil de ces pathologies, continueront de croître de 4,5 millions en 2015 à 5,1 millions en 2020 pour les maladies cardio-neurovasculaires, et de 3,7 millions en 2015 à 4,1 millions en 2020 pour le diabète.
Bonne nouvelle cependant, comme le signalent les statisticiens de la CNAMTS, en raison des prévisions démographiques, les maladies chroniques évolueront à l’avenir moins rapidement que par le passé. Elles toucheront néanmoins 548 000 personnes supplémentaires d'ici à 2020. Et encore, ce chiffre ne tient-il pas compte d’un autre facteur moins prévisible : celui des polypathologies qui concerneront les patients déjà traités aujourd’hui pour l’une de ces maladies chroniques ou au long cours (diabète, cancer, maladie psychiatrique). Un phénomène qui demande à être pris au sérieux au regard du vieillissement de la population et de la transition épidémiologique.
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