En Auvergne Rhône-Alpes et en Nouvelle Aquitaine, les pharmaciens peuvent se préparer à vacciner les adultes contre la grippe saisonnière dès la prochaine saison grippale 2017. En effet, les conditions de l’expérimentation de la vaccination contre la grippe en pharmacie ont été publiées au « Journal officiel » du 11 mai 2017.
L'Ordre des pharmaciens, les syndicats d'officinaux (FSPF et USPO), l'Académie de pharmacie, la Conférence des doyens des facultés de pharmacie et l'association étudiante (ANEPF) se félicitent de « cette avancée majeure pour la santé publique ». Ils regrettent toutefois que l’expérimentation ne vise pas « tous les adultes, comme initialement préconisé par la loi », excluant notamment les femmes enceintes et les primo-vaccinations.
Dans les deux régions élues, l’idée de vacciner à l’officine séduit déjà : en Auvergne Rhône-Alpes et en Nouvelle Aquitaine, plus de 4 000 pharmaciens titulaires et adjoints ont exprimé leur volonté de contribuer à l’augmentation de la couverture vaccinale. Mais, « la complexité de la procédure pourrait en effrayer plus d’un », redoute François Martial, président de l'URPS pharmaciens Nouvelle Aquitaine. En effet, se déclarer volontaire est loin d’être suffisant. En premier lieu, tout pharmacien qui désire participer à l’expérimentation devra respecter certaines conditions techniques (espace de confidentialité clos, élimination des déchets…). Deuxièmement, il devra avoir suivi une formation validée. Une fois ces modalités remplies, le pharmacien adressera sa demande au directeur général de l’agence régionale de santé (ARS), en l’accompagnant d’une attestation de conformité au cahier des charges et d’une attestation de validation d'une formation. L'officinal devra également envoyer une copie de sa demande au Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens. Rien de bien compliqué jusque-là.
Une procédure stricte
Mais une fois inclus dans l’expérimentation, le pharmacien devra suivre une procédure stricte accompagnant l’acte vaccinal, comme le précise le décret. Avant toute vaccination, il devra recueillir le consentement écrit, exprès et éclairé de la personne à vacciner et suivre scrupuleusement les prescriptions du guide de l'acte vaccinal. « Pourtant, aucun consentement n’est demandé lorsque l’on se rend chez l’infirmière ou le médecin pour se faire vacciner », fait remarquer François Martial.
Après avoir vacciné, le pharmacien devra garder le patient 15 minutes en observation. « ce qui est une lourdeur de plus, qui n'existe pas chez les autres professionnels de santé », poursuit président de l'URPS pharmaciens Nouvelle Aquitaine. De plus, le pharmacien informera le médecin traitant de cette vaccination (sauf opposition de la personne vaccinée), via une messagerie sécurisée, le dossier médical partagé (DMP) ou le carnet de vaccination électronique actuellement expérimenté dans les deux régions tests. Enfin, le pharmacien ne sera pas rémunéré sur le champ : à la fin de la campagne de vaccination, il devra adresser le bilan de son activité vaccinale à l'ARS pour bénéficier de la rémunération. Une procédure totalement illogique aux yeux de François Martial : « Il n'est pas normal que le pharmacien ne soit pas rémunéré au moment de l'acte de vaccination, mais quatre ou cinq mois plus tard. Même si je suis heureux que l'on reconnaisse une nouvelle compétence au pharmacien, je redoute que la somme de ces lourdeurs ne démotive ceux qui étaient prêts à s'investir. »
Deux options de rémunération
Le montant de la rémunération qui sera accordée aux pharmaciens vaccinant dans le cadre de l’expérimentation est également fixé dans ce décret. Elle sera soit de 6,30 euros, soit de 4,50 euros selon la situation du patient. En effet, si la personne présente un bon de vaccination émis par l’assurance-maladie, le pharmacien percevra 6,30 euros. Ce forfait est identique à celui des infirmiers réalisant une non primo vaccination contre la grippe saisonnière.
En revanche, si la personne présente une prescription médicale pour se faire vacciner contre la grippe, le pharmacien sera alors rémunéré seulement 4,50 euros, soit le même tarif qu’une primo vaccination sur présentation d’une ordonnance pour un infirmier. Enfin, chaque pharmacie participant à l’opération recevra en dédommagement des contraintes liées à l’expérimentation, une somme forfaitaire de 100 euros, dès lors qu'au moins cinq vaccinations auront été réalisées au sein de cette officine. Il faudra donc un peu de patience avant de percevoir son dû : le pharmacien ne sera payé qu’au terme de la campagne de vaccination.
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