LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - La proposition du gouvernement pour revaloriser la marge des pharmaciens vous paraît-elle adaptée aux besoins de l’économie officinale ?
JEAN-JACQUES ZAMBROWSKI. - Elle est totalement inadaptée. Le gouvernement a fait un mauvais panachage des propositions présentées par les syndicats et autres acteurs venus le renseigner. Cette mesure n’a pas de logique, ne traite rien au fond et ne répond pas de manière légitime aux préoccupations des pharmaciens. Le système actuel a été créé dans les années 1960, mais ce que fait le pharmacien aujourd’hui n’a plus rien à voir : son exercice présente désormais une forte valeur ajoutée, notamment en matière d’observance. La proposition du gouvernement n’apporte pas la révision attendue correspondant à ce que la collectivité exige du pharmacien. Mais la discussion est ouverte puisque le gouvernement parle de proposition.
Quelles autres pistes seraient, selon vous, meilleures pour la profession ?
Je ne souhaite pas promouvoir la solution d’un syndicat plus que celle d’un autre, c’est au gouvernement d’arbitrer, même si ma préférence va pour celle de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) qui présente l’avantage de ne rien coûter à l’assurance-maladie en prévoyant une contrepartie : le TFR. De plus, il faut porter attention au fait que la marge devient plus dégressive quand on augmente le forfait à la boîte et amplifie les distorsions entre officines. Une hausse de 3 centimes ne servirait qu’à financer le revignetage des boîtes. Rappelons que le forfait actuel de 0,53 euro n’est que la transposition des 3,50 francs de 1999 ! J’espère qu’on arrivera un jour à une rémunération tenant compte de la valeur ajoutée du pharmacien et de son équipe, et donc de l’acte pharmaceutique.
Existe-t-il en Europe des modèles à suivre, facilement transposables à la pharmacie française ?
Le modèle suisse peut servir de comparaison parce qu’il était fondé, il y a dix ans, sur un système équivalent à celui en vigueur en France. Aujourd’hui chez nos voisins helvètes, le médicament sort du laboratoire à un prix donné. Le grossiste le vend au même prix auquel il ajoute sa prestation. Le pharmacien va voir ce prix évoluer en fonction de son type de commande : par téléphone ou Internet, dans le cadre d’une livraison deux ou trois fois par jour, avec des factures délivrées à chaque commande ou au mois, etc. Le pharmacien revend le médicament au prix usine, auquel il ajoute deux types de rémunérations : sa prestation logistique à la boîte et un honoraire pharmaceutique à la ligne. La Suisse a ainsi trouvé un système qui rémunère le service effectif rendu ; système qui a demandé quelques ajustements dans le temps mais dont le modèle est logique et cohérent.
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