ALORS QU’ON le soupçonnait, dans un premier temps, de vouloir offrir l’honoraire à ses clients, Univers Pharmacie a précisé sa démarche. Dénommé Premium, cette offre consiste, pour 25 euros par an, en un prépaiement forfaitaire de l’honoraire parmi une foule d’autres services : réductions de 10 % sur la parapharmacie, testings, conseils sur les pathologies, alerte gastro et alerte grippe grâce à une géolocalisation du patient… Concrètement, en souscrivant au programme Premium, un patient n’aura pas à débourser les 82 centimes d’euros d’honoraire pour les spécialités de prescription médicale remboursables.
Outils pédagogiques et dérives mercantiles.
Se fondant sur les données de la Belgique, de la Suisse et du Canada, pays où l’honoraire est déjà en place, le président d’Univers Pharmacie entend convaincre 15 % des clients des pharmacies affiliées d’ici à la fin de l’année. D’autant que, comme le remarque Jean-Marc Barial, titulaire à La Roche-sur-Yon et affilié à Univers Pharmacie, « le programme Premium est un outil pédagogique utile pour expliquer l’honoraire aux patients qui n’en ont pas été informés par la presse grand public ».
L’idée n’a pas convaincu toute la profession. Pour Lucien Benattan, président du groupe PHR, le programme Premium ne revient qu’à « un habillage, un maquillage ». Il ne mâche pas ses mots pour dénoncer, « un exercice mercantile, irresponsable et dangereux », une démarche « scandaleuse qui galvaude la dispensation et l’honoraire ». Également président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), dont Univers Pharmacie est membre, Lucien Benattan sait qu’il évolue en terrain miné. Il ne voudrait en aucun cas tomber dans le piège facile d’être taxé d’une attitude anti-concurrentielle. Aussi, privilégie-t-il la défense du code de la santé publique (CSP). Il dénonce les risques de surconsommation de médicaments que pourrait provoquer l’exemption de l’honoraire. « Le président d’Univers Pharmacie m’a affirmé que certains de ses adhérents avaient vendu 300 boîtes supplémentaires en une semaine grâce à ce programme ! » en veut-il pour preuve. Lucien Benattan en appelle au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens pour statuer sur cette initiative, « nouveau coup porté à la profession », selon lui. Mais surtout, il se dit prêt à remettre en jeu son poste de président de l’UDGPO si Daniel Buchinger, son créateur et président d’honneur, « ne revenait pas à la raison ». À suivre.
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