Dans le cadre du projet de loi sur l'accès aux soins porté par la députée Stéphanie Rist (Renaissance), pharmaciens d'officine et biologistes obtiendront-ils un élargissement de leurs missions, comme le souhaitent le gouvernement et l'Ordre national des pharmaciens ?
Les députés ont voté cette nuit « l’accès direct » des patients aux infirmiers en pratique avancée (IPA). C'est au tour aujourd'hui des kinésithérapeutes et des orthophonistes dont sera également étudié l'« accès direct », comme le propose Stéphanie Rist dans son projet de loi « portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé ».
Un élargissement de certaines missions aux pharmaciens sera également évoqué dans le cadre des débats à l'Assemblée nationale. S'appuyant en partie sur des propositions émises par la profession, le gouvernement a abondé ce texte en déposant hier deux amendements concernant les pharmaciens. Aux officinaux, il souhaite permettre de renouveler les traitements chroniques pour une durée maximale de 3 mois (par délivrance d’un mois). Les pharmaciens biologistes, quant à eux, pourraient se voir confier la réalisation des frottis dans le cadre d’une expérimentation de 18 mois dans 5 départements.
Actuellement, les pharmaciens sont légalement autorisés à renouveler le traitement pour un mois. Dans les faits, cependant, cette disposition prévue à la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2022 n'a pas pour l'heure été suivie des textes d'application nécessaires.
Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), s'est félicitée de la reprise de ces deux propositions d'amendements formulées par l'instance ordinale. Dans la continuité des travaux du Clio santé, l’Ordre avait en effet formulé quatre propositions. Tout d'abord, la prise en charge de premier recours par les pharmaciens « en suivant les protocoles existants lorsque le médecin n'est pas disponible ». Toujours dans ce cas de figure, les pharmaciens d'officine doivent pouvoir « renouveler les traitements chroniques jusqu'à 3 mois » et « dispenser des médicaments pour certaines pathologies listées par arrêté lorsque le diagnostic a déjà été posé par le médecin ». « Je pense par exemple à la rhinite allergique ou à l'eczéma », déclare Carine Wolf-Thal. Selon elle, ces pathologies qui se manifestent épisodiquement doivent pouvoir être traitées immédiatement, même en l'absence d'un médecin. Au pharmacien de veiller ensuite à « remettre le patient dans le circuit ».
De même, la présidente de l'Ordre évoque la possibilité pour l'officinal d'initier une contraception régulière. « S'il s'aperçoit qu'une femme revient de manière récurrente pour une contraception d'urgence parce qu'elle n'a pas accès à un gynécologue ou une sage-femme, il devrait pouvoir stopper ce mésusage et lui prescrire une pilule progestative en mettant tout en œuvre pour qu'elle puisse consulter un médecin rapidement. »
Les deux autres propositions du CNOP concernent les pharmaciens biologistes qui pourront être désignés comme biologiste référent afin de pouvoir « prolonger les ordonnances d'examens de biologie médicale pour les patients chroniques et adapter la posologie des traitements en fonction des résultats ». Enfin, l'Ordre s'était prononcé en faveur des frottis réalisés par les biologistes dans le cadre du dépistage du cancer du col de l'utérus. « Ma boussole, c’est l’intérêt du patient, sa sécurité, et sa bonne prise en charge. Il faut partir du besoin du patient et de sa situation sur le territoire pour, dans le respect des compétences de chaque profession, proposer des solutions concrètes et applicables », résume Carine Wolf-Thal.
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