Chutes, entorses, piqûres, céphalées… La quasi-totalité des officines d’Ile-de-France déclarent être régulièrement sollicitées pour des soins non programmés et au moins trois fois par jour pour un quart d’entre elles.
Pour mieux objectiver cette tendance et caractériser les besoins exprimés par la population, une étude menée par FNSH Health & Care en coopération avec l’ARS, l’URPS Ile-de-France et les facultés de pharmacie*, a collecté les données de 195 pharmacies portant sur 3 222 demandes en soins non programmés et les réponses qui y ont été apportées par les pharmaciens et leurs équipes.
Le Dr François Sarkozy, président du FNSH Health & Care et fondateur de l’émission Tous pour la Santé, en a présenté les résultats à l’Académie de pharmacie, le 10 février. Selon son exposé, dans près de la moitié des cas, ces pharmacies sont implantées dans des petites villes. Les demandes de soins non programmés émanent le plus souvent de clients habituels qui, dans 80 % des cas, recourent de manière spontanée à leur pharmacien. En revanche, 20 % des personnes s’adressent à l’officine parce qu'elles n'ont pas eu accès à un professionnel de santé, 10 % ne disposant pas de médecin traitant. « C’est aux extrémités de la vie que l’on fait le plus appel au pharmacien : en traumatologie et dermatologie pour les moins de seize ans et les nourrissons, pour des problèmes cardiovasculaires et gastroentérologiques pour les seniors », constate le Dr François Sarkozy.
Délivrance dans moins de 60 % des cas
Dans seulement 4 % des cas, le pharmacien doit effectuer les gestes de premiers secours, tandis que 9 % des patients sont orientés vers un service d’urgence ou de régulation, dans 22 % des cas pour une traumatologie. Un tiers des autres patients est orienté vers un professionnel de santé. En revanche, dans les trois quarts des cas, la prise en charge se limitera aux conseils et aux explications de l'équipe officinale. Or, souligne François Sarkozy, loin des conséquences que l’on pourrait en attendre, le pharmacien ne délivre des médicaments que dans 57 % des situations (71 % médicaments, 19 % phyto ou dispositifs médicaux). Ce qui ne l'empêche pas d'investir du temps dans la prise en charge du patient : plus de dix minutes dans un cas sur quatre ! Mais là encore aucune délivrance de produit n’est systématiquement induite, elle n’intervient d’ailleurs que dans 40 % des cas.
Autre signe de l’implication du pharmacien, l’officine reste en contact avec 17 % des patients quand ceux-ci ont regagné leur domicile. Des interventions et un suivi qui, pour l’heure, n’entrent dans aucun protocole. Pas davantage, ils ne sont honorés par aucune rémunération.
De même, aucune formation spécifique n'est délivrée, alors même que les équipes officinales souhaiteraient en bénéficier, notamment dans les gestes de premiers secours. En dépit de ce manque de reconnaissance, ce « fléchage informel » des patients contribue pourtant à diminuer la pression sur les services d’urgences. « L’officine est un bon indicateur de ce qui se passe dans les soins de premiers recours », conclut François Sarkozy, annonçant qu’une étude similaire est en cours dans le Grand Est pour étayer ces premiers résultats. Et confirmer ce rôle d’orientation joué par le pharmacien dans le système de santé. Il s’agira à l'issue de ces recherches de mieux intégrer le pharmacien et de valoriser la contribution des officines dans la prise en charge du premier recours.
*Réalisée entre fin 2019 et début 2020.
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