Une augmentation subite des commandes de Paxlovid, pouvant atteindre jusqu’à 200 boîtes par pharmacie, est observée depuis deux à trois semaines par les répartiteurs, corroborant ainsi l’alerte lancée hier par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Les officines ayant passé des commandes atypiques seront contrôlées, avec de possibles sanctions à la clé.
Le Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir) connaît un regain d’intérêt depuis quelques semaines. En témoignent les volumes de commandes subitement enregistrés au cours des dernières semaines. Ainsi, dans certains départements, jusqu’à 100 à 200 boîtes de cet antiviral utilisé contre le Covid ont été commandées par des officines.
Ces situations atypiques ne sont pas passées inaperçues auprès de répartiteurs qui en ont avisé les autorités compétentes, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et Santé publique France qui détient par ailleurs ces produits en stock État. « Ce genre de signalement rentre dans le cadre de la surveillance habituelle exercée par les répartiteurs pharmaceutiques des commandes anormales », comme le rappelle la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP). De son côté, Véronique Jung, pharmacienne responsable, directrice qualité et affaires pharmaceutiques d’OCP confirme : « Nous avons effectivement observé fin décembre et début janvier une augmentation soudaine et très importante des commandes de Paxlovid, notamment dans les Bouches-du-Rhône et en Île-de-France, sans pour autant pouvoir en expliquer la cause. »
Suspectant un trafic d’envergure internationale - des prescriptions étrangères et/ou falsifiées étant souvent présentées - l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) rappelle à ses adhérents qu’un contingentement à 20 boîtes par officine est instauré. Les autorités étant alertées, « toutes les ventes de Paxlovid ainsi que les commandes atypiques sont transmises à Santé Publique France de façon nominative et des dispositions telles que le déploiement des inspections et des contrôles en pharmacie vont se mettre en place », met en garde le syndicat, précisant que le ministère communiquera prochainement à ce sujet.
L’USPO conseille aux pharmaciens et à leur équipe d’observer la plus grande vigilance, les prescriptions pour ce traitement doivent être vérifiées avec attention. Le syndicat rappelle l'encadrement réglementaire auquel doivent répondre les confrères : comme pour tout médicament à prescription médicale obligatoire, Paxlovid ne peut être vendu sur Internet. Par ailleurs, les pharmacies ne peuvent pas exporter de médicaments et ne peuvent faire de la vente au détail que pour leur patientèle. Un transfert d’un médicament entre deux pays européens est considéré comme une opération d’import/export. Enfin, une pharmacie exportant est passible de lourdes sanctions pénales et financières.
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